Le métavers serait l'internet du futur. Or, l'Église est déjà présente sur le continent numérique. Mais peut-elle avoir sa place dans le métavers, ce monde qui semble encore plus détaché du réel ? Pour certains, il est nécessaire de proposer la foi chrétienne dans le métavers aussi.
Parler du métavers, c’est réussir à ouvrir son esprit aux technologies de demain. On pourrait le définir grossièrement comme un espace virtuel en 3D. Un monde que l’on pourrait visiter et s’approprier grâce à un casque de réalité virtuelle avec lequel les utilisateurs pourraient rencontrer des gens, assister à des réunions ou encore se réunir dans un espace de travail. Les cas d’usage de ce monde virtuel ne sont pas encore mûrs, mais les entrepreneurs visent de nombreux points : les jeux vidéos, le social ou encore l’aspect professionnel. Plonger dans un jeu vidéo à l’aide d’un casque et deux manettes est pour le moment le cas d'usage le plus utilisé du métavers.
Concernant le monde professionnel, des applications sont disponibles pour créer des réunions virtuelles entre collègues. Le métavers peut être un vrai outil pour les professions comme l'architecture, l’industrie ou encore la médecine où les professionnels de santé peuvent s’entraîner virtuellement sur un patient. Ce sont quelques cas d’usage assez précis, mais pour le moment les autres cas restent assez flous, car les capacités de simulation ou les coûts de production ne permettent pas de répondre à tous les usages. C’est aussi le cas de l’aspect social qui est grandement envisagé dans le métavers, mais l’un des plus difficiles à mettre en place.
Mais certaines personnes se demandent pourquoi est-ce nécessaire de créer des espaces de travail dans une réalité virtuelle, et quelle serait la différence avec les applications de visioconférence comme Skype ou Zoom. "Le métavers permet de contrer le manque d’interactivité des outils actuels" explique Victor de Salins, chef de projet à Human Technology Foundation. Car avec ce casque, les différents investisseurs de ce projet métavers expliquent ce rapprochement à la réalité avec des mouvements de bras et des avatars reflétant son propre physique. "Le métavers est intéressant car il donne un nouvel espace pour les créateurs comme les écrivains, les créateurs de mode ou encore les compositeurs qui peuvent avoir du mal à s’intégrer et se faire connaître. Le métavers donne l'œil à de nouveaux créateurs et leur crée de nouvelles opportunités" témoigne Étienne de Rocquigny, fondateur de Blaise Pascal Advisor et président de l’association Espérance & Algorithmes.
L'Église peut aussi avoir sa place dans le métavers, avec l’envie de développer la foi et partager au plus grand nombre les récits bibliques. Le pape est d’ailleurs très ouvert au développement de l'Église dans les nouvelles technologies et le Vatican souhaitait d’ailleurs un projet de visite virtuelle du musée du Vatican. "N’ayez pas peur de devenir les citoyens du territoire numérique" appelait le pape François. Yannick Liabaud, directeur des opérations de Yogan Développement et membre du bureau Église et Innovation Numérique, œuvre quotidiennement pour la création et le développement d’applications au service de la foi, des croyants, des e-missionnaires ou encore des CRM pour aider à gérer les paroisses.
"Je pense que les chrétiens peuvent ramener du sens dans le métavers" précise Yannick Liabaud. Pour Étienne de Rocquigny, le métavers a de réelles promesses pédagogiques pour la foi. "Le métavers peut permettre la connaissance de Jérusalem du 1er siècle et un approfondissement des textes" explique-t-il.
Le métavers serait avant tout un moyen de rassembler. Jean-Marc Potdevin, président et cofondateur du réseau Entourage, utilise le métavers pour interpeller les communautés de citoyens afin d'aider les personnes sans abri. "L'idée du métavers est de prendre la parole depuis ce monde virtuel, à la fois pour interpeller les citoyens dans le vrai monde et pour trouver les personnes isolées" explique-t-il.
Mais pour Vincent, un auditeur de l’émission, le métavers ne sert qu’à s'échapper du monde réel qui serait trop dur à vivre. Ce dernier craint la perte de la réalité. Pour André, un auditeur de l’émission et médecin, le métavers peut avoir de réelles conséquences sanitaires au niveau neurologique mais aussi psychologique avec la création d’une dépendance. "Nous passons du monde réel au virtuel avec des ondes et un brouillard de 4G et 5G. On frôle le transhumanisme et on doit se questionner sur les limites que notre corps pourra surmonter" déclare André. Enfin, Étienne de Rocquigny explique qu’il y a une part d’inconnu de cet univers mais le rattachement à la vérité et au monde réel sera un point à absolument tenir.
Victor de Salins, lui, insiste sur l’impact de ce monde virtuel sur le quotidien et le respect de la vie privée. "Ça amplifie les enjeux du numérique actuel, de l’addiction et du respect de la vie privée. C’est une technologie qui a le potentiel de détruire ce qui fait notre humanité" avoue Victor de Salins. Alors comment cadre-t-on cet univers ? "Pour le moment, il n’y a pas de cadre" déplore Yannick Liabaud.
D'un point de vue religieux, "le piège de la technologie c’est le piège de la Tour de Babel. C’est une construction où l’on empile des étages pour rejoindre le ciel, mais on ne sait pas où est le ciel" explique Étienne de Rocquiny. Il revient aussi en citant les chapitres 24 et 25 de Matthieu. Il y aurait une grande confusion entre le bien et le mal et on ne sait pas où le métavers veut nous mener.
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
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