Jacques de Chauvelin de La Sauvegarde de l'Art Français nous emmène dans le Calvados et plus précisément dans la commune de Moult-Chicheboville. À un croisement de route à la sortie du village, on peut voir un édifice fraîchement restauré avec une méthode bien particulière.
Nous sommes devant l'église Notre-Dame de Béneauville, du nom du hameau. Une vraie petite merveille d’art roman dont la fondation remonte au XIe siècle. Elle a gardé le nom d’église mais elle ressemble plutôt à une grosse chapelle de campagne avec son clocher-pignon en forme de campanile en bout de nef, en comparaison des églises monumentales des anciens villages de Moult et Chicheboville. L'église Notre-Dame est le vestige d’un moustier, c’est-à-dire une ferme exploitée par une abbaye, où les moines de l’abbaye de Troarn se sont établis à la fin du XIe siècle.
Le chœur date de cette époque et on peut y admirer des sublimes chapiteaux romans, tandis que dans la nef on retrouve des éléments richement sculptés qui témoignent de l’apparition de l’art gothique dans la région. À l’extérieur, la corniche est remarquable avec son décor de modillons variés : des têtes nues ou encapuchonnées, des animaux, figurant des scènes bibliques ou de l’imaginaire profane médiéval.
Grâce à l’engagement des habitants, en particulier ceux membre de l’association de sauvegarde de la chapelle. Comme souvent, c’est l’énergie d’un petit groupe de passionnés qui a permis de restaurer cet édifice. Dès 2009, la commune et l’association se sont lancées dans un vaste projet pour que la chapelle millénaire puisse être transmise aux générations futures. L’association parvient ainsi à récolter près de 240 000€ pour ce chantier, en recourant à la générosité des donateurs, aux subventions publiques, à l’aide de la Fondation du Patrimoine et de la Sauvegarde de l’Art Français. En plus de ces levées de fonds, elle s’adjoint le conseil d’un architecte du patrimoine pour permettre une restauration fine, dans les règles de l’art, afin de respecter les particularités de cet édifice.
Il s’agit d’une réfection de l’enduit de façade selon une ancienne méthode, consistant à utiliser une simple bouteille sur la chaux pour laisser des stries qui suivent parfaitement les rangs de pierre calcaires et le protègent ainsi plus efficacement de la pluie. On a donc un chantier très exemplaire, où la commune s’est mobilisée pour trouver des fonds pour sauver ce patrimoine exceptionnel, tout en conservant les savoir-faire anciens. La Sauvegarde de l’Art Français a bien sûr soutenu ce chantier depuis son lancement, mais lui a également attribué, après un vote du public, son prix Trévise pour les restaurations exemplaires. 5000 € supplémentaires ont ainsi été reversés à la commune pour qu’elle poursuive ses efforts dans la préservation de cette chapelle vieille de dix siècles.
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