En 2018, 12 sites douze sites chrétiens situés dans le sud du Japon ont été inscrits à la Liste du Patrimoine mondial de l'Unesco. Parmi ces sites, l'église des Vingt-Six-Martyrs, à Nagasaki, dédiée aux 26 chrétiens exécutés en 1597. Sylvie Morishita nous raconte l'histoire des chrétiens du Japon.
Dans l'histoire des chrétiens du Japon, un épisode marquant a eu lieu au milieu du XIXe siècle, quand les prêtres des Missions étrangères de Paris (MEP) ont découvert l'existence d'une communauté chrétienne totalement coupée du reste de la chrétienté depuis plus de deux siècles...
En 2018, 12 sites douze sites chrétiens situés dans le sud du Japon ont été inscrits à la Liste du Patrimoine mondial de l'Unesco. "Situés dans la partie nord-ouest de l’île de Kyushu, les 12 éléments de ce site en série comprennent dix villages, le château Hara et une cathédrale, construits entre les XVIIe et XIXe siècle", annonce l'Unesco. "Ces sites apportent un témoignage unique sur la tradition culturelle particulière nourrie par les chrétiens cachés de la région de Nagasaki qui transmirent secrètement leur foi chrétienne pendant la période d’interdiction, du XVIIe au XIXe siècle."
Pour découvrir l'histoire des chrétiens du Japon, il faut remonter au XVIe siècle. En 1543, les premiers marchands portugais débarquent au Japon. Six ans plus tard, en 1549, saint François Xavier, l'un des fondateurs de la compagnie de Jésus, pose le pied sur le sol de l'archipel nippon. Avec deux autres compagnons jésuites, ils s'installent dans un pays dont ils ne connaissent ni la langue ni les usages et en proie à la guerre civile.
La mission des jésuites : viser les élites sociales pour s'implanter, construire des églises et annoncer l'Évangile et le Christ. Très vite, ces hommes envoyés en Extrême-Orient qui sont issus des meilleures universités d'Europe, comprennent la richesse de la culture japonaise et le niveau intellectuel des Japonais. "Il y a eu une réelle rencontre entre des gens de civilisation complètement différentes", explique Sylvie Morishita. Au début du XVIIe siècle, il y a 300.000 chrétiens au Japon.
Dès 1587, émerge un pouvoir central à tendance totalitariste, en la personne de Toyotomi Hideyoshi qui se méfie des missionnaires et des chrétiens en général. Il condamne à l'exil Takayama Ukon, un samouraï converti au catholicisme, que le pape François a déclaré martyr, et qui a été béatifié le 7 février 2017 à Osaka. En 1597, ce sont 26 chrétiens qui sont crucifiés à Nagasaki.
Mais ce n'est qu'en 1614 que le christianisme est officiellement interdit. Passé sous le contrôle du clan Tokugawa, en 1641, l'archipel se ferme totalement et complètement du monde extérieur, renonce à toute relation diplomatique et à tout contact avec les étrangers. Une décision qui peut paraître étonnante surtout que cette fermeture du pays durera jusqu'en 1853 ! Pendant plus de 200 ans, le Japon a vécu en autosuffisance, guidé par un pouvoir policier.
En 1853, sous la pression des Américains, les Japonais s'ouvrent au commerce extérieur et admettent la présence de prêtres sur le sol nippon - mais uniquement au service des Occidentaux. Le Saint-Siège envoie alors le père Bernard Thaddée Petitjean (1829-1884) s'installer à Nagasaki. Ce jeune prêtre MEP de 36 ans qui a bâti une église sur un sol bénéficiant de l'extraterritorialité a confié dans ses écrits une anecdote incroyable.
Un jour, le 17 mars 1865 à midi, ce prêtre voit des personnes pousser la porte de son église. C'est un groupe de Japonais qui s'approchent de lui et lui disent: "Notre cœur est comme le vôtre." Ce sont des chrétiens du village d'Urakami qui, depuis plus de 200 ans, étaient restés fidèles à leur foi dans le plus grand secret et attendaient le retour d'un prêtre.
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