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L'histoire de Jérusalem en quelques dates

Un article rédigé par Jeanne d'Anglejan - RCF, le 5 avril 2023 - Modifié le 17 juillet 2023

Si Jérusalem s'est affirmée à travers les siècles comme une ville sainte pour les trois monothéismes, elle est aussi le théâtre de crispations grandissantes. La ville fascine et inquiète. Symbole du cumul d'enjeux politiques et religieux, l'histoire de Jérusalem est parfois complexe, floue et doit être abordée avec un regard multilatéral. Dans la bande dessinée "Histoire de Jérusalem" (éd. Les Arènes), l'historien Vincent Lemire se met au défi de la rendre accessible et compréhensible pour tous, avec l'aide du dessinateur Christophe Gaultier.

© Toa Heftiba sur Unsplash© Toa Heftiba sur Unsplash

Jérusalem, ville inspirante mais difficile à comprendre

 

Il aura fallu sept livres spécialisés sur l'histoire de Jérusalem pour que Vincent Lemire se lance dans l'écriture d'une bande dessinée. Directeur du Centre de recherche français à Jérusalem, l'historien signe avec "Histoire de Jérusalem" son huitième ouvrage consacré à la Ville Sainte. La bande dessinée retrace 4 000 ans d’histoire de cette ville qui attire des visiteurs et des pèlerins venus du monde entier. Le choix de la BD n'est pas anodin : elle permet de "toucher un public plus large, jeune comme âgé. Et on peut surtout incarner et concrétiser". Si Vincent Lemire "a beaucoup appris en faisant cette BD", c’est parce qu’il a dû approfondir ses recherches sur les vêtements ou la nourriture, afin de rendre le décor cohérent.

 

"L’histoire de Jérusalem n’est par principe pas plus complexe que celle d’autres villes", souligne Vincent Lemire. Pour lui, si les choses sont rendues compliquées, c'est du à la "constante réémergence de l'histoire des religions". Pour rendre le tout accessible, l’auteur choisit de suivre des personnages historiques impactants. À travers les siècles, le lecteur suit les grandes figures qui ont bousculé le destin de la Ville Sainte.

 

Des personnages aussi marquants qu’impactants

 

À lui seul, le roi Hérode témoigne du poids des empires dans l'histoire. Nommé roi de Judée par le Sénat romain, c’est lui qui, pour les chrétiens, régnait quand Jésus est né. Il est alors au pouvoir d’une ville "joyau pour la couronne impériale" et qui attise les convoitises. La valeur de Jérusalem est déjà reconnue : elle est le lieu de la pierre de fondation. Aujourd’hui abritée sous le dôme du Rocher, cette pierre serait le lieu du sacrifice d’Abraham de son fils à la demande de Dieu. Présent dans les trois monothéismes, ce rocher déchaîne les passions.

 

À l'époque byzantine, au début du Ve siècle, Eudoxie change le visage de la ville. "Elle témoigne de l’importance des figures féminines à Jérusalem, très structurantes dans l’histoire chrétienne", insiste Vincent Lemire. Elle est l'épouse de l’empereur Théodose. Convertie au christianisme, elle autorise les Juifs à revenir prier sur leur ancien temple en 438. Elle initie la construction de la basilique Saint-Étienne, en œuvrant à faire revenir la dépouille du premier martyr. Elle est elle-même inhumée dans la basilique. Eudoxie contribue à relever les murailles de la ville et permet au premier palais épiscopal de Jérusalem de voir le jour, en 451. Quand la ville devient un lieu de pèlerinage, "les femmes puissantes organisent et financent l'installation des lieux nécessaires au bon accueil des pèlerins de passage". Elles répondent notamment au problème de l’eau, prégnant à Jérusalem.

 

En 1876, l'ottoman Youssouf al-Khalid est le premier député de Jérusalem, avant de devenir le premier maire de la ville. Ce grand érudit est l’une des grandes figures de l’histoire de la ville : il incarne la bonne coexistence entre les communautés religieuses. Dans les années 1860, il permet la création de la municipalité mixte ottomane : chaque semaine, les notables des trois grandes religions monothéistes se réunissent et règlent les problèmes quotidiens des habitants. "La ville compte alors 30 000 habitants : 40% sont Juifs, 40% musulmans et 20% sont catholiques", rappelle Vincent Lemire, qui souligne que les liens entre ces communautés passent aussi par le commerce.

 

Maire de 1965 à 1993, Teddy Kollek reste une figure majeure dans l’actuel Jérusalem, tant dans les mémoires que dans la toponymie de la ville. Quand il devient maire, la ville est coupée par une frontière, qui délimite l’ouest israélien de l'est jordanien. Devenu maire, il œuvre à la réunification de la ville. "Il a la volonté de pacifier, mais ça ne fonctionne pas à cause des forces contraires", précise l'historien. Chacun de ces personnages témoigne des avancées de la ville, avec en arrière-plan les différents contextes qui structurent cette histoire, des croisades au Moyen Age au début du conflit israélo-palestinien pendant le XXe siècle.

 

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