Ce dimanche 4 novembre, environ 175.000 électeurs doivent se prononcer pour ou contre l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie, dans le cadre d'un référendum. Un scrutin très attendu qui s'inscrit dans une histoire souvent présentée comme douloureuse et un destin contrarié qui a fait régulièrement la une des journaux dans les 80 /90. L'histoire de la France et de la Nouvelle-Calédonie, c'est "une histoire coloniale", rappelle Sarah Mohamed-Gaillard, auteure de "L'archipel de la puissance" (éd. Peter Lang). "Qui dit histoire coloniale dit situation de domination. L'histoire coloniale crée des sociétés particulières qui sont traversées de tensions et qui résonnent jusqu'à la période contemporaine."
"Cette histoire pré-européenne on la connaît mal, précise Sarah Mohamed-Gaillard, ce sont des populations qui n'ont pas d'écriture avant l'arrivée des missionnaires." Avant l'arrivée des Européens l'archipel était peuplé de populations kanaks, issues de vagues de migration austronésiennes venues d'Asie du Sud-Est environ 1.000 ans avant notre ère. Vagues de migration rendues possible grâce à une technique de navigation spécifique, au moyen de pirogues à balanciers.
Sarah Mohamed-Gaillard décrit "des populations profondément ancrées dans la terre". Comme la plupart des populations océaniennes, "l'identité elle vient de la terre : on est quelqu'un parce qu'on s'inscrit dans une famille, dans un clan, qui vit sur un territoire sur lequel il a des droits grâce à un ancêtre ou un héros fondateur mythique". C'est surtout grâce aux poterie Lapita (du nom d'un site archéologique de Nouvelle-Calédonie) que l'on a aujourd'hui des traces de ce peuplement.
En 1774 le navigateur James Cook touche le nord de la Grande terre, qu'il baptise Nouvelle-Calédonie probablement en hommage à sa terre natale, la Calédonie (ancien nom de l'Écosse). "Au-delà de cette découverte européenne de cet archipel par James Cook c'est finalement toute l'Océanie qui va très vite être parcourue par des navigants, des commerçants, des aventuriers, à la faveur du XIXe siècle."
Baleiniers, santaliers... Avant même "la prise de possession formelle des colonies" par les Occidentaux, l'historienne décrit "une présence informelle" via le commerce. "C'est une économie de prédation" qui précède la clonisation et l'évangélisation des îles. À partir de 1840, des missionnaires protestants de la London Missionary Society protestants arrivent sur les îles Loyauté.
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