"J'ai mal commencé dans la vie puisque j'étais banquier pendant sept ans, un peu plus même", dit-il avec une certaine forme d'humour. Après une carrière notamment chez BNP Paribas, Louis Albert de Broglie s'est converti à l'écologie. Le château de la Bourdaisière, une ancienne maison de retraite dont il a fait un hôtel, héberge une ferme expérimentale où il cultive 700 variétés de tomates. C'est là où se trouve le Conservatoire national de la tomate, qu'il a fondé en 1998
On le surnomme le prince jardinier mais il est aussi un entrepreneur, puisqu'il a relancé l'entreprise Deyrolles, une institution dans le domaine des sciences naturelles et de la pédagogie - dont il faut visiter la boutique rue du Bac à Paris, un véritable cabinet de curiosités !
"Très rapidement j'ai compris en rachetant la Bourdaisière que c'était un lieu de liberté." Ce n'est pas tant pour l'hôtellerie qu'il a racheté la Bourdaisièreque que pour "ses jardins abandonnés". "Le jardin me rappelle tout ce qui est essentiel, il insiste sur essentiel, ce qui moi me permet de respirer, de m'émerveiller de comprendre que l'on peut partager beaucoup de choses dans un jardin, les connaissances et aussi partager un bon repas."
Atypique ou affranchi : il fut un temps où Louis Albert de Broglie était tenté par la vie en ashram. Un cas de figure sans doute inédit au sein de la maison de Broglie, qui compte cinq académiciens, un ministre, un prix Nobel, trois maréchaux, un député, deux évêques... "Je pense que ce sont des hommes qui se sont affranchis - je l'espère, en tout cas je les regarde comme ça - de la simple idée qu'on travaille pour en soi en travaillant pour l'intérêt général." Une prestigieuse lignée qui n'a pas pesé sur sa vie d'adolescent. On dirait même que c'est l'inverse : sa conviction c'est : "À chacun d'imaginer son parcours."
Avec un côté pécheur repenti, Louis Albert de Broglie raconte qu'une fois entré dans le monde de la finance il a "compris rapidement" qu'il "ne serait jamais un bon banquier" car il n'aurait jamais "les dents acérées" pour cela. Et quand il parle de son enfance, les vacances en Normandie, on comprend qu'il était fait pour l'agriculture plus que pour la haute finance internationale. Dans ses souvenirs d'enfance, "les sons, les odeurs, un besoin d'aller à la ferme, la traite des animaux, ramasser le foin ça faisait partie d'un conte de fées".
L'essentiel pour lui c'est "de préserver et défendre le vivant". Ne serait-ce que l'air, l'eau, qui sont "la propriété de tout le monde : sauf que petit à petit l'eau on le sait a été privatisée de plus en plus pour des tas de bonnes raisons mais en même temps ça pose un vrai problème... L'air est aussi un problème quand on sait que l'air est pollué on peut s'interroger sur la façon dont on nous a retiré cette liberté".
Parce que chaque visage est unique, le podcast Visages accueille des hommes et des femmes d'une grande diversité : philosophes, aventuriers, personnes engagées dans le développement et dans l'action humanitaire, artistes, religieux, entrepreneurs ... Tous partagent au moins un point commun : l'ouverture et le respect de l'autre dans sa différence. Thierry Lyonnet leur donne la parole pour une rencontre en profondeur.
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