Lumières de la photographie à Arles

On pourra ainsi tranquillement faire son choix dans le programme qui compte une trentaine d’expositions à travers toute la ville. Ce grand rendez-vous annuel de la photographie, qui a débuté en 1970, offre une gamme de choix très large. Des images très classiques, d’autres tout à fait expérimentales que l’on découvre dans différents bâtiments historiques. On fait ainsi une très agréable promenade dans une des plus belles villes de France.

Quelles sont les expositions vedettes de cette édition 2023 ?

Parmi les expositions vedettes, sans doutes celles de deux photographes américains, Diane Arbus et Gregory Crewdson, présentées l’une et l’autre à la Fondation Luma, ce lieu que l’architecte américain Frank Gehry a doté d’une étrange tour miroitante. Mais je préfère vous parler d’autres expositions, moins spectaculaires et, pour moi, plus émouvantes. Tout d’abord, au Musée Réattu, les 120 portraits tirés de la collection de Florence et Damien Bachelot. La qualité des choix de ce couple est très impressionnante. Les photos sont signées de très grands noms mais, souvent, ce ne sont pas leurs images plus célèbres. Ainsi on découvre une image d’enfant palestinien prise en 1958 par Dorothea Lange, surtout connue pour ses photos de paysans sans terre des États-Unis durant la grande dépression des années 1930.

La collection Bachelot est riche en tirages d’un autre Américain, Saul Leiter, qui fait l’objet d’une exposition monographique au palais épiscopal. Il faut absolument aller voir les images très poétiques de cet homme qui a inlassablement photographié les rues de New York dans des couleurs d’une douceur troublante.

Deux autres expositions valent le détour. La première se trouve à l’abbaye de Montmajour, à quelques kilomètres d’Arles. Elle s’intitule "50 ans dans l’œil de Libé". Le quotidien Libération qui fête cette année son demi-siècle a véritablement bouleversé la profession en étant le premier à mettre la photographie d’auteur au service de l’actualité. L’exposition permet ainsi de se repasser le film des grands événements de ces dernières décennies tout en regardant des photos de grande qualité.

La seconde exposition se trouve dans la belle chapelle de l’ancien collèges des jésuites d’Arles. Elle s’intitule Lumières des Saintes. Son propos est retracer la manière dont les photographes, depuis la fin du XIXe siècle, ont rendu compte du pèlerinage des Saintes-Maries-de-la-Mer qui chaque année rassemble en Camargue les gens du voyage.

Il est extraordinaire de constater combien cet événement, au fil du temps, a attiré de très grands noms de la photographie comme Erwin Blumenfeld, Jean Dieuzaide, Ferdinando Scianna, Martine Franck ou Sabine Weiss. J’ai été particulièrement touché par les diapositives prises par un photographe un peu différent des autres, l’abbé André Barthélémy, fondateur du Mouvement catholique international des gitans. Des images d’une grande qualité et qui témoignent en même temps de la complicité particulière qui liait ce prêtre aux gens du voyage. 

Jusqu’au 24 septembre.