'Notre métier n'est pas de faire plaisir non plus que de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie.' Cette formule d'Albert Londres, qu'elle admire particulièrement, Marie-Monique Robin la fait sienne. Les plaies où elle a porté sa plume, ce sont pêle-mêle les OGM que produit Monsanto, les faits de torture infligés par les généraux de la junte militaire argentine, la pollution à grande échelle causée par l'exploitation de mines de cuivre au Pérou par une firme américaine... 'Le journaliste est là pour révéler des dysfonctionnements.' Et Marie-Monique Robin est là pour aller jusqu'au bout.
Son nom est associé à la lutte contre le géant des OGM et des pesticides. Prix Albert-Londres 1995 pour 'Voleurs d'yeux', c'est 'Le monde selon Monsanto' (2008) qui l'a fait connaître au grand public. Fille d'agriculteurs des Deux-Sèvres, elle puise dans son enracinement l'énergie de mener un combat aussi âpre. Avec 'Les Moissons du futur' (2012) et 'Qu'est-ce qu'on attend ?' (en salles depuis novembre 2016), elle est passée semble-t-il de la dénonciation à la présentation de solutions. Mais ce ne sont qu'une façon de 'transformer le monde'.
En octobre 2016, Marie-Monique Robin parrainait le procès fictif de Monsanto à La Haye. Autant dire au combat de David contre Goliath. 'Cette multinationale est un vrai danger pour la planète.' La journaliste prépare d'ailleurs un autre film sur l'herbicide Roundup, le produit phare de la multinationale devenue propriété de Bayer en septembre 2016.
'Si j'ai choisi ce métier c'est parce que je voulais aider à transformer le monde, explique Marie-Monique Robin, donc quand on veut aider à transformer le monde, on pense que la meilleure manière de le faire c'est de montrer les dysfonctionnements de ce monde.' Cette fille d'agriculteurs qui ne mâche pas ses mots est issue d'une famille catholique très engagée dans la JAC (Jeunesse agricole catholique - aujourd'hui MRJC, Mouvement rural de jeunesse chrétienne). Elle sourit en disant que c'était la 'meilleure agence matrimoniale qui soit', c'était aussi une façon pour les paysans des années 40 et 50, de 'se lever pour dire que nous faisons le plus beau métier de la terre'.
Le métier le plus beau... et le plus dévalorisé. 'Il y a un énorme problème sur cette planète, on méprise ceux qui permettent la vie.' La journaliste rappelle que 900 millions de personnes ne mangent pas à leur faim dans le monde et que 90% d'entre eux sont des paysans. Sans parler du taux de suicide chez les agriculteurs en France.
Marie-Monique Robin le dit, elle est une lanceuse d'alerte - 'lanceuse d'avenir'. Et d'ailleurs pour elle tous les journalistes devraient l'être, s'ils sont, comme on le dit, le quatrième pouvoir. 'Ce n'est pas n'importe quel métier, nous devons aussi œuvrer pour le bien commun.' Avec son dernier documentaire 'Qu'est-ce qu'on attend ?', elle raconte comment un village d’Alsace s’est lancé dans la transition écologique.
'C'est très grave et très sérieux.' La journaliste, qui a lu l'encyclique du pape François "Laudato Si'", réfute tout scepticisme. 'Il faut encourager les gens à agir vite et montrer qu'on peut faire autrement.' L'urgence abolue c'est d'agir. 'Transformer le monde' elle croit que c'est possible car comme elle le dit, elle d'une famille catholique : 'On m'a toujours dit qu'on pouvait tranformer le monde en transformant les hommes.'
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