Nathalie Beaux, une égyptologue sur les traces de Moïse

Moïse et le Sinaï, le lieu de la présence de Dieu

 

Cela fait sept ans qu'elle n'a pu retourner au Sinaï, et au monastère Sainte-Catherine où elle est pourtant allée des centaines de fois. Ce mont Horeb, là où Moïse a reçu les tables de la loi, "c'est le lieu de la présence de Dieu", affirme-t-elle. Ce n'est pourtant pas sa foi qui lui fait dire cela, mais les témoignages de tous ceux - croyants ou pas - qui s'y sont sentis ébranlés "car ils sentaient qu'il y avait quelque chose". "Quand vous êtes là, vous comprenez pourquoi dans ce récit biblique c'est à cet endroit là que Moïse a vu le buisson ardent et qu'il a reçu les Tables de la loi." Elle décrit "des montagnes nues", des "mélanges de roches", "une puissance visuelle" et "un infini qui monte vers le ciel".

 

Moïse a-t-il existé ? Ce n'est pas avéré selon les historiens. Ce pourquoi on est d'autant plus étonné d'entendre Nathalie Beaux affirmer "je suis persuadée qu'il a existé", elle, la scientifique! Mais elle précise que l'essentiel c'est son héritage plus que la véracité des faits. Ce que nous savons aujourd'hui de Moïse, c'est qu'il était "l'ami de Dieu", selon les Écritures "Dieu lui parlait comme à un ami". Ce même Moïse dont les trois monothéismes font un personnage central.

 

Moïse dans l'islam, le judaïsme et le christianisme

 

"Je ne suis ni historienne des religions ni théologienne mais une croyante touchée par le visage rayonnant de Moïse." Nathalie Beaux est décidément une inclassable. Chrétienne affirmée, de confession orthodoxe, elle vient de signer une fiction romanesque sur la vie de Moïse, "Moïse d'Égypte", pour laquelle elle est allée puiser dans les traditions musulmane, juive et chrétienne.

 

Et c'est fascinant de constater avec elle que la perception que l'on a du personnage d'une religion à l'autre est à la fois similaire et très différente. Le Moïse de l'islam est une figure "d'abandon à la volonté de Dieu" ; celui des juifs est "sensible à la liberté que donne Dieu à l'homme" ; quant à la tradition chrétienne, elle insiste sur "l'humilité" du personnage qui le rend prêt à accueillir la parole de Dieu.

 

Passion égyptologie

 

À 11 ans, en plein désert du Soudan aux confins du royaume égyptien, Nathalie Beaux, en voyage avec sa famille, reçoit sa vocation d'égyptologue. Ce ne sont pas les pyramides qui l'ont menée à la passion des hiéroglyphes mais l'approche saisissante du désert, ses nuits sous les étoiles. Et aujourd'hui, ce n'est pas tant la beauté des monuments qui l'attire sur les lieux les plus extraordinaires que nous a laissés l'Antiquité, mais ce qu'ils disent de la pensée des Égyptiens de l'époque.

 

Son métier d'épigraphiste l'a conduite à reproduire de la façon la plus juste qui soit les bas-reliefs et les écritures pour ensuite les étudier. "Prendre ces signes comme des clés pour pénétrer dans l'univers mental des Égyptiens." Et s'imprégner des lieux et percevoir l'humanité derrière la pierre sculptée. On aurait presque de partir découvrir les temples en sa compagnie.