Pascal Paoli est considéré pour beaucoup comme le père de la patrie sur l'île de beauté. Il a incarné la Corse contre Gênes au dix-huitième siècle et face à la France. Son parcours riche et complexe est présenté ici par l’historien Raphaël Lahlou.
Né dans une famille de paysans solides, Pascal Paoli va avoir un grand destin. Son père Hyacinthe, juriste consommé, a un fort rôle dans la lutte contre Gênes dès 1729 et la tentative gouvernementale, corse et royale, de Théodore de Neuhoff, entre 1735 et 1736. Après l’essai de Neuhoff contre Gênes : ses partisans (dont Hyacinthe et son plus jeune fils Pascal qui a quatorze ans) partent en exil. En 1739, pour les Paoli : ce sera à Naples.
Pascal Paoli est bien formé par son père et marqué par certains des courants intellectuels à Naples ; mais il s’y sent à l’étroit. Il l’exprime à son père, vieux colonel à Naples : "Tant que vous étiez, Monsieur mon Père, en Corse, vous étiez Général de la Nation, et vous pouviez faire des colonels et maintenant que vous êtes vraiment colonel, vous n’êtes pas capable de faire de votre fils un simple lieutenant." Hyacinthe Paoli pense lui que plus rien n’est possible en Corse. Pascal ne souhaite qu’y agir. Il le fera au milieu des années 1750.
Pascal Paoli s’imposera en : Général de la Nation et de l’Immaculée Conception en son Royaume de Corse. De 1755 et 1769, il organisera la Corse en Etat, libéré de Gênes et d’autres puissances. Il y bâtit une œuvre politique, éducative, une économie et sa monnaie ; met en place une marine, une action militaire et diplomatique.
La France intervient entre Gênes et l’île: mais Choiseul, ministre de Louis XV espère tirer seul les marrons du feu. Il y parviendra. Le drame militaire corse de Ponte Novu en mai 1769 signera le découragement puis la fin de la première tentative de Paoli. L’homme a impressionné l’Europe, des monarques et des intellectuels et philosophes. Mais vient un autre exil, à Londres entre 1769 et 1790. En 1790, de retour en Corse, séduit par l’apparente modération de la Révolution française à ses débuts, Paoli est porté une nouvelle fois au pouvoir. Puis on l’accusera à tort de l’échec d’une expédition en Sardaigne.
Ce sera la cassure avec la France, et une nouvelle génération patriotique insulaire émergera, entre Pozzo di Borgo et Bonaparte. Déçu dans sa dernière espérance nationale corse, Paoli ira en 1795 en exil, encore à Londres, jusqu’à sa mort au début de 1807. L’homme avait échoué mais n’avait rien trahi.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !