Dans De La France, publié aux Editions Perrin – Presses de la Cité, Laetitia Strauch-Bonart déploie sa vision du lien idiosyncrasique des Français à leur Etat, nourrie par un long séjour à Londres, qui lui valut la découverte du philosophe britannique conservateur Roger Scruton.
Avec elle, nous redécouvrons le conservatisme libéral d’un Burke et comment celui-ci pourrait apaiser l’immense frustration politique des Français.
Un observateur depuis l’étranger ne peut manquer de s’étonner du paradoxe d’un pays donc le peuple n’a eu de cesse, depuis l’Ancien Régime, de secouer le joug du tyran, mais qui s’en remet avec complaisance à un État dont il réclame toujours plus.
Le contrat social à la française est déséquilibré aujourd’hui, dans la mesure où l’Etat nous prend plus qu’il nous donne.
Cet entretien nous offre l’occasion de revenir sur la manière dont Laetitia Strauch-Bonart éclaire ce paradoxe dans son ouvrage et décrit la relation tumultueuse que les Français entretiennent avec son État, malgré les changements successifs de régime de l’ère moderne.
Nous découvrons également en compagnie de l’auteur le conservatisme libéral, un courant de pensée pratiquement absent en France et dont un des plus éminents représentants, Sir Roger Scruton, s’est éteint au début de l’année 2020.
Je suis pour un libéralisme conservateur. Je m’inscris dans la lignée de Roger Scruton pour qui le conservateur est celui qui acceptait la révolution des Lumières, donc qui n’est pas un réactionnaire, mais qui dit « Oui, mais ».
La pensée de cet auteur, remplie de sève et persillée de cette fine ironie britannique, serait-elle la candidate idéale pour débarrasser le conservatisme de son compagnonnage embarrassant avec le courant réactionnaire et régénérer l’exercice de la liberté dans un pays qui s’accommode si bien de son absence ?
Il inspire en tout cas à Laetitia Strauch-Bonart un plaidoyer passionné et éloquent pour rendre aux individus une autonomie véritable, fondatrice de leur dignité et qui sonne, en période électorale, presque comme un programme politique.
Ouvrages évoqués dans l’entretien :
Roger Scruton, De l’urgence d’être conservateur, L’artilleur
Nassim-Nicholas Taleb, Anti fragile, Les Belles lettres
Jean-François Revel, L’absolutisme inefficace ou contre le présidentialisme à la française, Plon
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !