Née au XIXe siècle, l'idée de préhistoire renvoie à un ensemble de représentations, de rêves, de fantasmes. Elle a inspiré nombre d'artistes, comme Brassaï, Cézanne, Paul Klee ou Yves Klein.
Jean Arp, Brassaï, mais aussi Cézanne, Max Ernst, Paul Klee, Yves Klein ou Man Ray, pour les modernes ; Dove Allouche, Miquel Barceló, Claudio Parmiggiani ou Jean Pascal Flavien, pour les contemporains : ces artistes et bien d'autres encore ont été fortement inspirés par la préhistoire. Qu'est-ce qui a pu motiver une quête esthétique si puissante ? Attrait des origines, vision fantasmée de ce qui était avant l’histoire ? Le Centre Pompidou a consacré une précieuse exposition à la façon dont les artistes ont investi l'idée de préhistoire, qui a émergé dans les années 1860.
En montrant à la fois des œuvres d'art modernes et contemporaines, placées en vis-à-vis de chefs-d’œuvre de l’art préhistorique, l'exposition donne à voir la façon dont la préhistoire a inspiré les artistes. Une grande partie des traces que nous avons en effet de cette période sont des œuvres d'art : peintures rupestres, sculptures... On a pu admirer ainsi au Centre Pompidou la célèbre "Vénus de Lespugue" et se laisser interpeller après ça par la sculpture "Harmless Woman" de Louise Bourgeois (1969) ou le "Buste de femme" de Pablo Picasso (1931).
Le mot et l'idée de préhistoire apparaissent à la fin des années 1850. Mais on peut remonter à la fin du XVIIIe siècle pour situer le moment où l'Occident a "construit la notion d'histoire naturelle", c'est-à-dire que l'on a commencé à penser "la vie de la nature sur un mode temporel". Cela impliquait de d'envisager un temps où vivaient des espèces aujourd'hui disparues et aussi - surtout - un temps où l'homme n'était pas encore. Le bouleversement anthropologique est majeur. Comme le dit l'historien d'art, "il faudra du temps pour s'habituer à cette idée, pour se l'incorporer".
La préhistoire, on "la définit plutôt par des questions que par des réponses", explique d'emblée Rémi Labrusse. L'exposition du Centre Pompidou se présente d'ailleurs plus comme "un forum de réflexion", conçu pour partager des interrogations, "en évitant d'assener des réponses qui n'auraient pas été rigoureuses".
Le titre de l'exposition, "une énigme moderne" renvoie d'ailleurs à cette dimension "insondable" que pose le temps préhistorique. Un temps que l'on ne peut pas vraiment mesurer. Née au XIXe siècle, la préhistoire renvoie à un ensemble de représentations, de rêves, de fantasmes. Est-ce une invention ? C'est là le cœur de la réflexion amorcée par l'exposition.
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