En argot, un "rade" désigne un bistrot de quartier. Des lieux de convivialité qui sont aujourd’hui menacés et qualifiés d’espaces "en voie de disparition". Pendant quatre ans, le photographe Guillaume Blot a sillonné les PMU de France. Avec son album "Rades" (éd. Hoëbeke), il rend hommage à ces PMU, à leurs patrons et à leurs habitués.
Sur la couverture de l’album "Rades", il y a Gérard. Un homme d’environ 70 ans, au marcel bleu, aux lunettes noires, et à l’allure fière. Pour lui, le PMU, c’est un rendez-vous dominical, un lieu de retrouvailles avec ses amis. Des personnes comme Gérard, Guillaume Blot en a rencontré des centaines. Photographe spécialisé dans le documentaire, il a passé quatre années à parcourir l'Hexagone pour capturer l’ambiance propre à ces bars de villes ou de villages français.
Né à Nantes en 1989, Guillaume Blot est d’abord journaliste avant de se spécialiser dans le reportage photo. "J’étais correspondant local et j’aimais raconter la vie du village où j'étais". Peu à peu, il prend plaisir à graver par l’image et s’attache à raconter le quotidien des Français. Guillaume Blot avait déjà travaillé sur l’univers des friteries dans les stades : "j’aime bien les endroits colorés, vivants, avec de l’humain… Les petits riens du quotidien !". Pour lui, l’appareil photo est un "médium incroyable pour montrer le merveilleux banal".
En vadrouille pendant quatre ans, Guillaume Blot visite 220 PMU. Dans les années 1960, il y en avait en France 200 000 troquets. Aujourd’hui, on en compte 36 000. Pendant son errance dans les bars des villages ou des villes, le photographe "entend des histoires incroyables". Avec son album, il les raconte en images et permet de laisser une trace de ces endroits qui disparaissent. Selon lui, l’institution qu’est le PMU est menacée : "on y va de moins en moins, on est moins encouragés à boire de l’alcool, et dans les villes des programmes immobiliers alléchants font baisser les rideaux à différents commerçants".
Avec son appareil, Guillaume Blot grave les détails surprenants, les décors originaux, les animaux qui habitent ces cafés. "J’ai voulu montrer les PMU dans leur jus authentique, habités par les habitués, les patrons et les patronnes". Katia, gérante d’un troquet dans la Sarthe, témoigne de la manière dont la pandémie a affecté son commerce... ou pas. "Du jour au lendemain on a dû fermer les portes. Après avoir proposé du "click & collect" sur le compte Facebook du café, les clients ont répondu présent et ça nous a permis de tenir le coup". Et d'ajouter : "mes piliers de bar sont des bons !".
D’un village à l’autre, Guillaume Blot comprend que le PMU est une institution, "une sorte de seconde maison où on se sent bien". Jean-Marie Gouriot, auteur de "Brèves de comptoir", dit d’ailleurs du café que c’est "une espèce de couloir entre chez soi et la ville". Si certains des clients sont d’abord surpris quand Guillaume Blot les prend en photo, ils se laissent prendre au jeu et gardent la photo comme un souvenir.
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