Albanais d’origine, émigré à Paris grâce à son talent de violoniste et au dictateur qu’il surnommait « oncle », Tedi Papavrami a élu domicile à Genève. De culture chrétienne, il avoue que sa famille, sous la dictature communiste de Enver Hoxh, fêtait Noël en douce. Soliste de renom, sa musique rayonne comme son être généreux et passionné. Il nous conte sa vie simplement, comme il joue de son instrument, avec finesse et détermination.
La rencontre
Les joies de nos métiers de communication ou de journalisme font qu’au fil des années, l’agenda se grossit de multiples noms des personnes rencontrées, illustres ou pas. Elles ont pour moi, toutefois, un point commun : elles m’ont été sympathiques, nous avons parcouru un bout de chemin professionnel ou amical, femmes ou hommes. Elles sont issues de la société civile, comme on aime à le dire. Ici, rien de politique, ou alors la personne est retirée des affaires. Non, ces personnes que vous rencontrez grâce à l’émission ont toutes un cheminement propre à attirer l’attention, mon attention. Dans le cas de Tedi Papavrami, c’est la première interview que je fis de lui qui a scellé notre amitié. Il venait de publier son autobiographie « Fugue pour violon seul » et l’on me fit l’interviewer. Sa sonorité était magique. Sa culture immense, sa sensibilité débordante. Je l’ai par la suite fait venir dans un cadre privé. Petit concert privé, comme à l’époque de Mozart. Succès assuré devant un public médusé par la brillance du jeu et par la modestie du personnage.
Il apparaît très intellectuel : le raffinement de ses mots, les références auxquelles il fait appel, la pudeur avec laquelle il décrit son parcours depuis l’enfance puis sa description de sa vie de virtuose, de professeur au Conservatoire à Genève. Il est discret sur sa vie affective. Il a épousé en deuxièmes noces une pianiste japonaise. Sa maison respire la musique. A chaque étage, on trouve un lien avec son monde spirituel. Lorsque nous avons réalisé cet entretien, nous avons dû déloger une élève violoniste de l’endroit où elle répétait, au dernier étage. En repartant, nous avons salué son épouse, Maki, au rez-de-chaussée, qui travaillait sur son piano. Le hasard veut qu’elle accompagne ma petite-fille qui joue de la flûte… Le monde est petit, certes, celui de la musique l’est encore plus et l’on s’y sent bien. En me quittant, Tedi me dit : « Je vais aller travailler un peu ! » Entendez : je vais aller jouer du violon.
Si pour Tedi Papavrami, Jean-Sébastien Bach est la référence par excellence, il n’en reste pas moins que sa culture musicale paraît infinie, comme le fait aussi qu’il soit devenu le traducteur officiel, de l’Albanais au Français, de l’auteur Ismaïl Kadaré.
Récemment, il a publié un post sur les réseaux sociaux, regrettant les accidents de vélo mortels. Il faisait allusion à celui qui coûta la vie en 1899 au compositeur français Ernest Chausson, dont il joue par ailleurs le Concert op. 21 (piano, et quatuor à cordes).
Enfin, Tedi Papavrami a acheté une maison dans le massif savoyard des Bauges où il se ressource régulièrement.
Une fois de plus, Dans mon sac de voyage donne à entendre une expérience hors du commun.
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