"Critique de la raison transhumaniste". Les 19 et 20 mai 2017, s'est tenu au Collège des Bernardins à Paris le colloque conclusif du séminaire Humanisme, Transhumanisme, Posthumanisme. Fruit de deux années de travaux, il a permis d'aborder les aspects historiques, techniques, scientifiques, philosophiques et théologiques du transhumanisme.
Le transhumanisme est un mouvement de pensée qui existe depuis une trentaine d'années. Porté par des chercheurs de Californie essentiellement, il est assez polymorphe. Il est surtout "en continuité avec les vieux rêves de l'humanité: vaincre la souffrance et repousser sans cesse la mort", explique le Dr. Anne-Laure Boch. Aujourd'hui, les avancées dans le domaine des nanotechnologies, des biotechnologies, de l'intelligence artificielle et des sciences cognitives sont telles que la perspective de créer des cyborgs, ou hommes-machines, éveille des fantasmes ou fait craindre le pire.
"Les transhumanistes se présentent comme des révolutionnaires qui s'appuient sur un vieux fonds d'aspirations humaines parfaitement légitimes", explique la neurochirurgien. Membre du séminaire sur l’éthique biomédicale du Collège des Bernardins, Anne-Laure Boch insiste sur ce mélange "assez explosif" entre continuité et "rupture du fait des moyens extraordinaires apportés par les sciences".
L'objectif du transhumanisme est "d'augmenter les fonctionnalités du vivant à tel point qu'elles deviennent inoxydables", explique le Père Thierry Magnin. Le mouvement contient évidemment des "germes de toute-puissance", explique le physicien. Qu précise: "Il ne faudrait pas assimiler tout ceux qui utilisent les technosciences avec des courants transhumanistes."
Il y a reconnaître l'usage bénéfique des technologies et réparer l'humain lorsqu'il est malade; il y a augmenter l'humain et vouloir en faire un cyborg. Thierry Magnin vient de publier "Penser l’humain au temps de l’homme augmenté" (éd. albin Michel), où il invite à changer de regard sur la condition humaine à la lueur des technosciences. Il fait appel à la richesse de l'anthropologie chrétienne pour nous aider à discerner ce qu'est une science au service de l'homme.
"La médecine classique et conventionnelle est critiquée par les transhumanistes qui estiment qu'elle doit faire mieux", témoigne Anne-Laure Boch. En tant que médecin elle confie se trouver souvent devant "l'imaginaire social" des patients. Devant le fantasme accru de "sauver l'humain de ses déterminismes biologiques grâce aux technosciences", comme le dit le Père Thierry Magnin, il devient nécessaire de "prendre en compte corps, âme et esprit" et de réfléchir aux limites de la condition humaine: au risque de déplaire à ceux à qui profite l'imaginaire transhumaniste.
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