Un nouvel album du chat du rabbin et toujours l’absurdité de la guerre

Expo Joann Sfar au MAHJ à Paris

Joann Sfar le créateur de Petit vampire et surtout de l'inénarrable Chat du rabbin est à l’honneur dans une rétrospective au Musée d’art et d’histoire du judaïsme (MAHJ) à Paris.
Joann Sfar, comme dit le catalogue de l'exposition, est celui qui a fait entrer la judéité dans la culture populaire. C’est surtout un dessinateur hors pair : un graphisme reconnaissable entre tous, des couleurs éclatantes et un trait jamais droit comme pour mieux capter la complexité des situations.
Un auteur des plus drôle. Il sait nous faire rire et nous attendrir avec des pages de l'histoire souvent tragiques.
Johan Sfar, juif né en Algérie et arrivé en France à Nice à l'âge de 10 ans est aujourd'hui un des dessinateurs les plus prolixe et les plus brillants de sa génération.

Une expo qui résonne avec l'actualité tragique au Proche-Orient

L’exposition Joann Sfar, La vie dessinée a ouvert alors que la guerre venait de se réveiller au Proche Orient.
Les terroristes du Hamas ont massacré des populations israéliennes et Israël a répondu en attaquant les populations palestiniennes avec une violence inédite …
Alors forcément la lecture de Joann Sfar prend une tournure un peu particulière, lui qui se dit Juif de culture arabe et qui dénonçait aussi bien le Hamas que Netanyahou …

Un 12ème épisode du Chat du rabbin.
Ces nouvelles aventures sont l’occasion une fois encore pour Sfar de dénoncer l’absurdité et la cruauté de la guerre. Sont abordés dans ces cases, la tyrannie des idéologies et l’embrigadement des populations dans des conflits qui ne les concernent pas.
Tuer au nom de la France des Turcs qui ne nous ont rien fait et qui meurent au nom de l’Allemagne … dit ainsi le rabbin

 

Un épisode méconnu de l'histoire de France

Le rabbin, le Malka des Lions et ses vieux amis racontent au Chat et à Zlabya la fille du rabbin, comment ils ont participé à la Première Guerre mondiale. Et comment surtout après les tranchées en France, ils ont été envoyés, en 1918, à Odessa. Car en 1918, la guerre n’est pas terminée.
La France veut récupérer ses emprunts russes et fait la guerre à la révolution bolchevique. Et pour cela, elle envoie là-bas, les soldats de ses colonies et quelques fortes têtes … mais tout ne se passera pas comme la République l’avait prévu …
C’est l’histoire des mutins de la mer noire

La jalousie du Chat
Mais des horreurs et des absurdités qu'il entend de la bouche de son rabbin et de ses camarades, le Chat se demande si le pire ne serait pas que son maître ait pu avoir un autre chat que lui? Qu’un autre chat du rabbin ait pu exister … Quelle trahison …
Et oui on est chez Sfar et donc forcément on rit car le chat s’il est sans concession avec son esprit des plus critique, est aussi maladivement jaloux.

Un plaidoyer pour la paix
et puis on est chez Sfar, donc il nous raconte un temps qui nous semble utopique ou les religions se côtoient sans heurt , où quand le rabbin n’a plus de juif à enterrer dans les tranchées, il peut prononcer les prières pour les musulmans ou les chrétiens morts aux combats et qui n’ont plus ni Imam ni prêtre …
Une fois encore Johann Sfar nous invite à aller au delà des clichés , à célébrer la rencontre en s'appuyant sur nos racines.

En ces temps de guerre, il est important d’écouter les artistes.
Bien plus que les politique, ils nous permettent de saisir la complexité des choses, de comprendre les pulsations des cœurs et de dessiner un avenir pour tous

La traversée de la mer noire, le 12ème volume des aventures du Chat du rabbin est publiés chez Dargaud
L’exposition Joann Sfar, la vie dessinée a lieu au Musée d’art et d’histoire du judaïsme à Paris jusqu’en Mai prochain