Le Mois de la création s'achève le 4 octobre 2016. Une démarche des Eglises chrétiennes pour guider les fidèles vers une conversion écologique. Ce à quoi le pape François invite dans son encyclique "Laudato Si'", publiée le 18 juin 2015. Ce texte restera l’un des documents romains les plus audacieux depuis Vatican II. Pour Elena Lasida, économiste, le chef de l'Eglise catholique va très loin: il parle de "changement de paradigme" et de "besoin de révolution culturelle". C'est la notion même de progrès qui est visée.
Savoir partager, savoir vivre sobrement... Dans son encyclique, le pape François donne des moyens concrets pour vivre la conversion écologique. Il invite chacun à une prise de conscience de sa reponsabilité en tant qu'individu et citoyen. "Nous sommes gardiens de la création", a-t-il dit plusieurs fois. Une encylique qui ne s'adresse donc pas qu'aux chrétiens, le texte "parle de l'humain", explique Elena Lasida. En voici les principaux points.
Deux termes désormais indissociables. Les chrétiens préoccupés par la pauvreté humaine avaient tendances à placer l'écologie du côté des soucis des "bobos", constate Elena Lasida. Du côté des écologistes, "certains mouvements on privilégié la nature au détriment de l'humain", ajoute l'économiste. Le propos du pape est de lié la "clameur de la terre" au cri des pauvres. Cette interdépendance entre l'humain et la nature est "propre à l'encyclique".
"La pensée sociale de l'Eglise dit que le droit de propriété est légitime" mais que la destination universelle des biens passe avant. Ainsi, le pape pointe du doigt la privatisation des ressources naturelles. Il invite à faire "l'expérience première de la gratuité", c'est-à-dire se souvenir que la nature a été donnée aux humains comme un cadeau.
Dans son encyclique le pape parle de la "dette" des pays riches vis-à-vis des pays pauvres. "Le Nord, qui a plus bénéficié que le Sud de ces ressources a une dette envers lui et doit l'aider dans sa transition écologique." Ce point que souligne le pape figure d'ailleurs dans l'accord de la COP21 qui reconnaît cette responsabilité différenciée.
L'argent n'est nullement condamné en soi par le pape François. C'est la finance et ses dérives qui le sont, de façon assez nette. "Le pape est très conscient de cela", explique Elena Lasida. Il s'et produit une inversion: la finance, qui devrait être au service de l'économie réelle, "c'est-à-dire de la production des biens et services nécessaires pour vivre", est au service de la production d'argent.
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