C’était l’exposition de "tous les superlatifs" : le 4 juin dernier s’est terminée une rétrospective sur l’artiste hollandais Johannes Vermeer au Rijksmuseum. Marie-Elizabeth van Rijckevorsel, historienne de l’art et guide conférencière nous présente son analyse de l'œuvre de l’artiste.
Cette exposition a aussi donné lieu à un exercice diplomatique artistique. En effet, pour réunir 28 tableaux emblématiques de l'œuvre de l’artiste né en 1632 à Delft, il aura fallu selon les dires près de 7 ans de discussions entre les musées et lieux de conservation. “Ce qui a tout débloqué, c’est le Frick Collection de New-York qui a donné son accord pour prêter deux tableaux, créant ainsi un effet d’entraînement de tous les autres”, nous explique la guide-conférencière.
Vermeer est un peintre des scènes de genre. Donnons-en une définition : des scènes d’intérieur, de charme, de la vie familiale, évoquant ainsi l’anecdote et l’éloge du quotidien. L'artiste suivra cette mode en cours dans la Hollande calviniste du 17e. S’il n’en est pas un précurseur, il en maîtrisera le style avec un brio exceptionnel.
Il y a une lumière, un silence, un temps suspendu qui ne se retrouvent chez aucun autre artiste de l’époque. Cela en raison du travail de la lumière.
Sa maîtrise exceptionnelle de la perspective peut s’expliquer par l’apport d’un appareil appelé la camera obscura, l’ancêtre de l’actuel appareil photo.
Si pour certains analystes la conversion de l’artiste au catholicisme relève d’une intention intéressée, l’artiste n’a cessé de fréquenter ses voisins jésuites. Avec son épouse catholique, ils auront 15 enfants. Dans son œuvre, celui que l’on surnomme parfois le “sphinx de Delft” n’a cessé de révéler la présence de Dieu par son Annonciation. C’est ce que lit Marie-Elizabeth van Rijckevorsel en contemplant les tableaux du peintre : “l’espace est celui de l’accueil de l’Annonciation. La lumière entre à flots et, souvent, illumine une femme silencieuse et recueillie occupée à lire une lettre”. Et si ce thème n’est pas si explicite que cela, c’est pour ne pas choquer Calvin et l’atmosphère protestante iconoclaste. Cette conversion n’aura jamais empêché l’artiste de produire des créations pour ses concitoyens protestants.
Vermeer avait-il des sources d'inspiration ? L'artiste a-t-il été oublié avant de connaître une croissance de notoriété fulgurante dans la seconde moitié du XIXe ? Tout cela est à découvrir dans ce podcast du 16/17.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !