Lors de la cérémonie d’ouverture mardi soir, une page de la télévision s’est tournée : en effet, Canal +, partenaire presque historique du Festival, a cédé sa place à France 2 pour couvrir le 75è Festival au quotidien et retransmettre en direct les cérémonies d’ouverture et de clôture. Et c’est la comédienne belge Virginie Efira, la star de « Benedetta » en robe argentée scintillante, qui a présenté la cérémonie d’ouverture.
D’entrée, elle n’a pas hésité à tacler les plateformes en déclarant que « le chemin des cœurs n’est pas celui d’un algorithme », pour ensuite reprendre, en chœur avec la salle, le dernier refrain de « que je t’aime », la chanson de Johnny Hallyday revisitée par Vincent Delerme au piano.
Une cérémonie marquée par quelques temps forts
Ainsi, le Festival a-t-il remis à l’acteur et producteur américain, Forest Whitaker, une Palme d’or d’honneur. Oscar du meilleur acteur pour son interprétation de Idi Amin Dada dans « Le dernier Roi d’Ecosse » en 2007, il s’est plutôt souvenu avec émotion de sa grande surprise lorsqu’il a remporté le prix d’interprétation pour son rôle de Charlie Parker, dans « Bird » de Clint Eastwood, pour sa première apparition à Cannes, en 1988.
« En montant les marches ce soir, je me suis revu 38 ans plus tôt, et j’ai réentendu la foule crier Clint, Clint » !
Depuis quelques dix ans, Forest Whitaker a créé une fondation et est l’ambassadeur de l’Unesco auprès des populations d’Afrique les plus démunies. C’est dans ce contexte qu’est présenté à Cannes le documentaire qu’il a produit, « For the sake of peace », réalisé par deux Français, Christophe Castagne et Thomas Sametin, l’histoire de jeunes Soudanais du Sud qui refusent la logique de guerre qui mine leur pays et dans lequel ils veulent grandir en paix.
Et puis le président du jury, Vincent Lindon, a tenu un discours dont lui seul a le secret, se disant bouleversé de conduire ce jury et se demandant si les acteurs reconnus doivent user de leur notoriété, aussi modeste soit-elle, pour porter la parole des sans-voix ; rappelant aussi que la culture est le centre d’une société et la mémoire de son histoire.
Mais le moment le plus fort de cette cérémonie, ce fut sans conteste l’intervention surprise du Président Ukrainien, Volodymyr Zelensky, en direct de Kiev. Le voir ainsi sur l’écran géant du grand théâtre Lumière du Palais des Festivals a provoqué une standing ovation et une réelle émotion ressentie même dans la salle voisine réservée à la presse.
Le président ukrainien a rappelé le rôle joué à l’époque par Charlie Chaplin pour dénoncer Hitler avec son film « Le Dictateur » et souhaité qu’un nouveau Chaplin dénonce les atrocités dont son pays est victime, sachant qu’un dictateur finit toujours par perdre. Parole d’historien. N’oublions pas aussi que le président ukrainien est à l’origine un saltimbanque qui ici, à Cannes, devait trouver une oreille particulièrement attentive devant un public d’artistes venus du monde entier.
Quant au film d’ouverture du Festival, « Coupez » de Michel Hazanavicius (« The Artist »), avec Romain Duris et Bérénice Béjo, c’est une programmation plutôt audacieuse pour un gala d’ouverture. Adaptation d’un succès japonais de 2019, c’est une comédie mettant en scène des morts vivants qui s’invitent sur le plateau de tournage d’un film de zombies à petit budget. On y rit de bon cœur la première demi-heure mais très vite les gags répétitifs lassent… sauf pour certains spectateurs dont mon voisin au rire fort bruyant !
Au Festival de Cannes, Pierre Germay.
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