Le plus bel endroit pour regarder la mer ? "Du pont d'un bateau, d'un rocher... les îles sont des lieux merveilleux pour regarder la mer, et puis la Bretagne, où il y a une magie de la lumière et de l'image." Si Yann Queffélec vit comme une frustration de n'être pas né en Bretagne, c'est pourtant là que l'écrivain trouve son inspiration. Après son "Dictionnaire amoureux de la Bretagne" en 2013, il publie un "Dictionnaire amoureux de la mer" (éd. Plon). "J'ai voulu intéresser le lecteur à la mer telle que je l'ai connue, telle que je l'ai vécue et telle que je m'y intéresse moi-même."
Comment peut-on écrire un dictionnaire de la mer ? "Un millions de pages ne suffirait pas à tout dire des océans". Ce pourquoi Yann Queffélec emprunte largement à l'autobiographie et commence par exemple son dictionnaire par "Année zéro", son année zéro. Quand, en 4 septembre 1949 sa mère a consciencieusement fait en sorte de se trouver à Paris pour le mettre au monde. "Moi qui était déjà au monde dans son ventre en Bretagne !" En fait de dictionnaire, il avoue : "J'ai fait un roman avec ce dictionnaire amoureux, qui est un roman sans fiction sur la mer."
Françoise Verny (1928-2004) a bien sûr son entrée. Cette éditrice qui a fait de Yann Queffélec un écrivain. "Elle me hèle un soir de mauvais temps sur le quai Louis-Bourdelle à Belle-Isle-en-Mer : 'Chéri tu as une gueule d'écrivain !' Je n'ai aucune gueule d'écrivain mais le fait est que tout de suite après j'entre dans ce métier de la littérature." Enfant Yann Queffélec rêvait d'être marin ; c'est la littérature qui "m'a fait me repenser moi en tant qu'homme face à son avenir".
Dès le début de son livre Yann Queffélec s'intéresse donc à la sonorité du mot "mer" qui immédiatement renvoie à la mère. "C'est vrai que la mer est quelque chose de matriciel, de maternel - je parle de la mer océanique - c'est vrai qu'elle englobe le monde, c'est vrai qu'elle est ronde, c'est vrai qu'elle porte la vie, c'est vrai qu'elle est prophétique de la suite des choses et qu'on a vraiment intérêt à la protéger comme elle nous protège elle depuis des milliers d'années."
L'écrivain parle de la mer comme de "notre avenir". Il écrit : "La question se pose aujourd'hui, la mer nous la pose, les oiseaux, les poissons, tous les habitants du grand bleu, du grand vert des forêts et des bois. Sommes-nous venus au monde pour imaginer l'avenir ? Pour y mettre fin ? Sommes-nous des sauveteurs ou des fous ?"
Si Yann Queffélec rend un bel hommage aux grands marins comme Florence Arthaud, Olivier de Kersauson, Loïck Peyron ou encore Thomas Coville, il les voit comme "les enfants spirituels de Tabarly". L'auteur en 2008 de l'ouvrage "Tabarly - Une vie" (éd. Fayard / L'Archipel), considère que c'est à Éric Tabarly que l"on "doit d'avoir réconcilié la France avec la mer, avec l'océan et avec le sens que l'on doit donner à l'océan, un sens vital".
Éric Tabarly, dont on vient de commémorer les 20 ans de la disparition en mer, "a acquis une dimension prophétique". Une sorte de "guide spirituel" qui a su montrer "à quel point lui était capable d'embrasser la mer, d'embrasser l'émerveillement marin et d'en faire don à ceux qui lui succèdent aujourd'hui".
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !