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Elle a été nommée en 2005 pour le prix Nobel de la paix. D'origine russo-pakistanaise, Zarina Khan a vécu une enfance et une adolescence hors norme. Philosophe, actrice, réalisatrice, elle témoigne par sa vie que l'amour est plus fort que la haine, et que la paix l'emporte sur l'intolérance. Ce qu'elle montre dans son autobiographie 'La sagesse d'aimer' (éd. Hozhoni).
Zarina Khan est la fille d'un prince indien cofondateur du Pakistan, lui-même imprégné de son ancêtre Gengis Khan. Du côté de sa mère, une Française née en Tunisie et d'origine russe de Crimée, ses ancêtres ont fui la révolution soviétique. Conquérants, bâtisseurs, exilés... Voilà l'héritage familial de la philosophe et artiste.
Les parents de Zarina Khan ont fait 'le premier mariage mixte du Pakistan'. Mais un leader musulman qui épouse une chrétienne orthodoxe : cela a éveillé la haine et le désir de mettre à mort. Zarina Khan avait trois ans quand sa mère a été lapidée. Si elle a survécu, elle a dû se séparer de son mari, 'la menace de mort était trop grande'. Ce moment a déterminé tous les engagements de sa fille pour la paix. 'J'étais le fruit du péché, de cet intolérable-là.' Mère et fille ont fuit le Pakistan pour la Tunisie.
Être russe, tunisienne, pakistanaise et française, 'c'est un cadeau absolument immense, une chance magnifique, affirme Zarina Khan aujourd'hui, mais ça a été la source de tous les rejets, de tous les racismes' quand elle était enfant. Objet d'étrangeté, elle qui a subit enfant la peur de l'autre, et déplore aujourd'hui le communautarisme où, 'au lieu de transmettre la foi', on transmet 'un dogme' : 'Les parents s’évertuent à transmettre une culture, une religion. Au lieu de transmettre la foi ils transmettent un dogme. Il y a des merveilles, mais elles ne le sont que si on comprend que le rituel de l’autre est aussi une merveille. Souvent le repère à soi est transmis par les ancêtres mais devient une catégorie, une barrière'.
Ne pouvoir s'appuyer sur aucune appartenance, n'avoir 'aucune copine' à l'école, elle s'en est fait un 'cadeau'. 'J'ai dû ouvrir mon esprit, le champ de mon horizon jusqu'au cosmos, la Terre était trop étroite pour moi.' Quand elle dit que 'dans la cour de récréation [ses] compagnes étaient les étoiles', ce ne sont pas que de jolis mots d'une enfant dans la lune. Ce qui fut d'abord un réflexe de survie l'a conduite sur un chemin de sagesse. La petite fille rejetée a trouvé son identité 'dans les vibrations qui nous relient dans l'universel au-delà de toute appartenance'.
Émission d'archive diffusée en juillet 2016
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