Depuis 20 ans, la mairie d'Evreux possède son troupeau municipal de brebis. 245 bêtes qui entretiennent les coteaux de la commune et qui rappellent aux écoliers comme aux aînés la nécessité de préserver la planète.
A Evreux, la fin du mois de novembre a été marquée par la grande transhumance annuelle des 245 brebis du troupeau municipal.
Une tradition qui remonte déjà à l'année 2004, lorsque le chef-lieu du département de l'Eure est devenu la toute première ville de France à recruter un berger et à gérer un troupeau. Une décision prise par le maire de l'époque, Jean-Louis Debré, afin d'entretenir de la manière la plus écologique possible les coteaux calcaires de Saint-Michel et de Nétreville, situés au cœur de la ville et classés Natura 2000. 20 ans après, son successeur, Guy Lefrand, n'envisagerait pour rien au monde d'abandonner cette pratique : "C'est plus facile à faire, ça coûte moins cher et c'est meilleur pour la planète".
Mais chaque année, à l'approche de l'hiver, les ressources alimentaires disponibles sur les coteaux s'épuisent et les brebis doivent redescendre jusqu'à leur bergerie, située dans la ferme pédagogique de Navarre, pour se nourrir de matière fourragère : c'est ce qu'on appelle la transhumance.
Un long périple qui s'effectue sur plusieurs jours mais qui peut s'avérer vite épuisant pour les brebis gestantes. Le stress est également de la partie puisque le troupeau traverse la ville d'Evreux et doit croiser des voitures, des bus, des passants et leurs chiens. Heureusement, les brebis peuvent compter sur leur berger Benoît Voisin, qui guide le troupeau depuis 2004.
Un berger toujours ravi de faire étape, pendant la semaine de la transhumance, dans les EHPAD et maisons de retraite d'Evreux : "Certains résidents se rappellent de leur jeunesse et se remémorent un petit peu les troupeaux qu'ils ont connu auparavant".
Benoît Voisin et ses brebis font également étape dans les écoles et les centres de loisirs pour présenter ce métier "peu courant dans la région" à de nombreux enfants qui débordent de curiosité et veulent tout savoir sur le quotidien de Benoît ou encore l'utilité des cloches accrochées au cou de certaines brebis. Des brebis qui se font tout de même régulièrement voler la vedette par l'ânesse qui accompagne le troupeau et qui "attire tout de suite l'œil par son gabarit". Pas de quoi rendre jaloux Benoît Voisin mais peut-être un peu plus ses deux chiens : Paia, le Beauceron, et Odge, le Berger des Pyrénées.
Et si la vraie vedette, et la vraie gagnante, de cette tradition désormais bien ancrée chez les Ebroïciens, était tout simplement la planète ? C'est en tout cas la conviction de leur maire. Pour Guy Lefrand, ces rencontres entre les brebis et les jeunes citoyens de sa ville sont "un exemple très pragmatique du développement durable et de l'écologie pour nos enfants".
C'est bien d'en parler en classe et d'en parler à la télévision mais quand on le voit en direct, ça donne une image beaucoup plus forte, beaucoup plus puissante et ça ressert autour de la nécessité de préserver notre planète.
C'est donc avec le sentiment du devoir accompli que les 245 brebis du troupeau municipal d'Evreux ont achevé leur transhumance le 23 novembre. Après un repos bien mérité dans la ferme pédagogique de Navarre, elles retrouveront les coteaux et leur mission en avril prochain.
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