En créant « A fleur de feuille », l’objectif d’Agnès Jullien est de recréer du lien entre l’art floral et son jardin, qui a vu naître et s’épanouir les végétaux.
Agnès Jullien est convaincue que notre région stéphanoise, malgré la rudesse hivernale de son climat, a tous les atouts pour nous donner des végétaux aptes à nous émerveiller, pour peu qu’on prenne le temps de les observer de près.
Placée sur une table, la composition florale est un premier appel à observer de près, à mettre les sens en éveil : la finesse de la découpe d’une feuille d’érable, sa couleur automnale éblouissante, ses nervures qui contrastent quand son limbe pâlit à l’automne ; la perfection d’une ombellifère, toute en finesse, loin des fleurs tape à l’œil dont la grosseur et la couleur viennent tout droit de l’engrais qui les a forcées ; la nature dans tout ce qu’elle nous donne, la soie d’un pétale de pivoine, le brillant naturel d’une feuille d’hosta ou de lierre.
Pour Agnès Jullien, les fleurs, les compositions florales à placer sur une table doivent être le reflet vrai de ce qu’elles symbolisent : la nature dans sa perfection et sa simplicité. Faire du beau avec du vrai. Le vrai, ce sont les végétaux tels qu’on peut les glaner dans la nature ou dans son jardin, au moment où la saison nous les donne. Elle ne place un narcisse dans une composition que lorsque celui-ci a daigné ouvrir sa corolle, c’est-à-dire en avril, et pas en janvier pour faire « sensationnel ». En octobre, point de tulipe venue par avion, à grand renfort de kérosène, d’un lointain pays exotique, mais un corymbe de sedum avec toutes ses nuances d’ocre et de roux sur une crosse encore verte de fougère et une feuille mordorée de tilleul.
Le but est d’éveiller le regard sur la perfection et la beauté de ce que la nature nous donne. L’agencement floral doit rester simple pour révéler la richesse et la perfection des végétaux, saisies dans leur individualité : point de bouquet de cinquante tiges mélangeant des coloris multiples. Placer une composition sur une table immaculée pour inviter la nature à la table et faire écho au paysage extérieur : la fleur qui est sur la table est quelque part, à l’extérieur, cachée au creux d’un sentier ou épanouie dans le jardin mais elle est à portée de main. Elle est le reflet du paysage proche : elle a été cueillie il y quelques heures. Elle est une image de la saison et du lieu où se trouve celui ou celle qui la regarde.
Enfin, Agnès aime énormément le rapport au temps imposé par une composition florale : Vous achetez, vous créez un objet, que ce soit une oeuvre d’art, un objet d’artisanat, il est présent à votre oeil, devant vous, constamment depuis le premier jour où vous le placez dans votre intérieur. Vous pouvez le contempler chaque jour. Il ne vous échappera plus. Si bien que parfois, sachant qu’il sera toujours là, vous oubliez de le contempler !
A l’opposé, l’art culinaire. Un met que vous dégustez, c’est un plaisir éphémère. Vous l’admirez dans l’assiette, vous le dégustez, le savourez et puis l’assiette est bien vite terminée. Vous avez éprouvé un plaisir intense, éphémère mais qui laissera son empreinte, son souvenir à votre goût et votre mémoire.
Avec une composition végétale, c’est un entre-deux au niveau du rapport au temps. Un bouquet placé dans votre intérieur le dimanche ne durera que quelques jours. Et cette vie éphémère vous impose de le regarder, de l’admirer à chaque heure, sachant qu’il va bientôt disparaître.
Agnès Jullien aime cette dimension temporelle, l’éphémère qui dure quelques jours.
https://www.facebook.com/p/A-fleur-de-feuille-100039868795855/?locale=fr_FR
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !