A Mouvaux, huit femmes vivent en communauté, hébergées par l'abej SOLIDARITE. Sans-papiers elles ont connu la rue, la violence et la grande précarité. Désormais elles travaillent et tentent de s'intégrer à la société française pour espérer une régularisation.
C'est dans une ancienne annexe du centre spirituel du Hautmont que l'on rencontre les pensionnaires de l'abej. Dans cette vieille maison en briques rouges, une chambre est réservée à chacune d'entre-elles. "Quand je suis arrivée ici, j'ai pleuré", se souvient Alicia*. A 26 ans elle a du stopper son master de génie civile faute de papiers.
Si l'OACAS ferme nous allons encore nous retrouver à la rue
Comme pour toutes ses colocataires, l'abej lui a fourni un toit après de longs mois voire des années de galère. "J'ai dormi pendant neuf ans sur un vieux canapé lit" témoigne Nora*. D'origine algérienne, elle est entrée dans la communauté en 2021. En échange du gîte et du couvert, elle participe à la vie communautaire de la maison. C'est-à-dire à la préparation des repas et des petits boulots. "Je fais de la couture. Nous faisons des trousses ou des petits objets avec des tissus de seconde main que l'on vend ensuite" explique-t-elle.
La structure créée par l'abej est un OACAS. Un organisme d'accueil communautaire et d'activités solidaires. Huit places sont ouvertes aux femmes sans-papiers de la métropole lilloise. Objectif : les sortir de la précarité et les aider à s'insérer dans la société française. "Cela commence par le vivre ensemble mais on propose aussi des sorties, des cours de français et nous leur faisons découvrir la culture française" explique Emmeline Daquet, coordinatrice de l'OACAS.
Avec 7 nationalités et plusieurs religions différentes sous le même toit, il a fallu un petit temps d'adaptation. Mais lorsque l'on voit maintenant Suzanne la doyenne s'emparer d'une guitare pour chanter avec Alicia, la benjamine, on ne peut que constater la bonne ambiance qui règne. "Nous sommes des soeurs et nous nous entraidons beaucoup" résume en souriant Nora.
Tout cela est financé par les revenus générés par les pensionnaires. Mais aussi pour les deux tiers par des dons. L'équilibre financier est toujours fragile. "Ici je ne me suis jamais sentie aussi bien" tient à préciser Suzanne, la doyenne du groupe. "J'ai appris la couture et la plonge. Si l'OACAS ferme, nous allons encore nous retrouver à la rue" s'inquiète-t-elle.
L'objectif final reste la régularisation de leur situation. "Si j'obtiens des papiers, je pourrais reprendre mes études" espère Alicia. Puisqu'au bout de trois ans de présence au sein de l'OACAS, les pensionnaires peuvent déposer un dossier de régularisation en préfecture. Mais la décision finale reste à la discrétion du préfet du Nord.
* les prénoms ont été modifiés
Cet article est un extrait de Tous Frères, notre programme dédié à la solidarité dans les Hauts-de-France. Retrouvez l'intégralité du reportage ici.
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