La chronique d'Alexandre Poidatz - "À l’heure où plusieurs gouvernements du monde bâtissent des murs, veulent en découdre avec l’autre, les personnes de bonne volonté, mues par l'intention d’aller vers l’autre, elles, tissent des liens, elles contribuent à coudre", affirme à l'aube de l'année 2024 Alexandre Poidatz, co-fondateur du collectif Lutte et contemplation.
Autant c'est facile de souhaiter mes vœux à mon entourage, autant c’est difficile d’être optimiste face aux enjeux politiques du monde. Mais il y a quand même une chose qui maintient mon espoir : celles et ceux qui tendent la main.
Si j’étais Président de la République, j’adresserais mes vœux aux personnes qui s’engagent dans des associations de solidarité, aux sapeurs-pompiers, aux gendarmes de réserve, aux éducateurs spécialisés, aux syndicats, aux travailleurs sociaux, etc. Je leur dirais merci se faire proche des personnes vulnérables, de soigner leur dignité humaine.
Si j’étais Président, j’adresserais mes vœux à toutes les personnes qui font des maraudes. Je leur dirais merci de descendre pour se mettre à hauteur du regard des personnes exclues.
Si j’étais Président, j’adresserais mes vœux à toutes les personnes qui prennent soin et qui accompagnent. Je leur dirais merci d’établir un lien, merci pour leur humanité.
Si j’étais Président, j’adresserais mes vœux à toutes les personnes qui écoutent, qui essaient de se mettre à la place de l’autre. Je leur dirais merci d’aller à la rencontre de l’âme de l’autre.
Si j’étais Président, j’adresserais mes vœux à toutes les personnes qui font preuve de spontanéité, qui se mettent en mouvement en allant vers quelqu’un, en tendant la main, en posant une question… Je leur dirais merci de se décentrer au profit de l’autre, merci de se laisser déplacer par la personne qui est exclue et qui nous interpelle dans notre confort.
Enfin, si j’étais Président, j’adresserais mes vœux à l’esprit de l’Abbé Pierre qui coule dans le cœur de chacune de ces personnes. Je leur dirais merci de porter son héritage.
Mais il n’est pas toujours facile d’aller vers l’autre. "Aller vers" pose directement une question d’éthique de la relation à l’autre et de l’accompagnement. Quel bon chemin emprunter pour aller vers quelqu’un ? Comment réagir si la porte se referme ? ou s’il y a un refus d’entrer en relation ? Quel est le bon équilibre dans la rencontre ?
Mais l’intention d’aller vers l’autre est un élément profondément nécessaire aux maux de notre société. Parce qu'il y a une faille empathique. Notre société est polarisée sur beaucoup d’enjeux : Israël-Palestine, extrême-droite, violences policières, écologie, immigration, etc. Il est difficile de se mettre à la place de l’autre.
Il y a une faille empathique. A l’heure où plusieurs gouvernements du monde bâtissent des murs, veulent en découdre avec l’autre, les personnes de bonne volonté, mues par cette intention d’aller vers l’autre, elles, tissent des liens, elles contribuent à coudre.
Ce pari est un acte politique nécessaire, un levier permettant de combattre à la source la pauvreté et les inégalités. Face à "la mondialisation de l’indifférence", ce risque, cet élan d’ "aller vers" est nécessaire. Ces personnes sont la fierté de notre Nation.
Jeunes de la "génération climat", Alexandre Poidatz et Stacy Algrain livrent en alternance, chaque semaine, leur regard sur l'écologie et leurs clés pour changer le monde.
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