Ivete, Emile et Jules, trois personnes étrangères qui vivent en France, témoignent de la manière dont elles répondent à l'invitation lancée par le pape François pour la Journée mondiale du migrant et de réfugier : marcher "vers un nous toujours plus grand".
Ivete vient d'Angola, Emile du Rwanda et Jules du Togo. Tous les 3 sont arrivés en France il y a deux ou trois ans. Chacun d'eux a fait, depuis son arrivée l'expérience de la fraternité. Se retrouvant dans des situations de grand dénuement, ils ont dû compter sur la solidarité d'associations et de particuliers qui ont bien voulu leur venir en aide.
Mais ce n'est pas d'abord cette solidarité qui les marque mais l'expérience d'une vraie fraternité où la réciprocité a sa place: eux aussi en sont les acteurs, chacune et chacun à leur manière et ce qui compte, ce n'est pas tant l'aide matérielle qui leur est procurée - même si elle est nécessaire - que les liens qui se créent.
Ivete raconte: "quand je suis arrivée, après quelques mois j'ai connu des gens qui m'ont fait passer à ce "nous toujours plus grand". J'ai rencontré l'association JRS France qui m'a aidée sans me connaître. Ils m'ont accueillie, considérée comme une soeur ou leur enfant. Je laissais en Angola mes parents et mes frères et soeurs, mais dans cette association j'ai trouvé une famille. Une amie que je connaissais seulement depuis un mois m'a laissé son appartement pendant qu'elle était en vacances. C'est une chose qui me marquera pour toujours. Je n'imaginais pas qu'une blanche pouvait faire ça pour moi qui suis noire. Quand j'ai raconté ça à mon père, il ne voulait pas me croire. J'ai trouvé vraiment un nous dans cette association ou d'autres personnes ont aussi fait beaucoup pour moi. J'ai trouvé dans cette association une grande famille, je les porte dans mon coeur pour toujours".
Emile a été accueilli à la paroisse Saint-Nizier dans le cadre de l'opération Hiver solidaire lorsqu'il est arrivé à Lyon: "J'ai passé là-bas trois mois. Ceux qui m'accueillaient étaient bénévoles, beaucoup étaient des étudiants, jeunes comme moi. On partageait la vie le soir, on discutait, on jouait aux cartes. A leurs côtés, je me suis dit: moi aussi, je peux faire du bénévolat, je peux donner mon temps pour les autres même si je n'ai pas d'argent. J'ai rejoint l'association La Bagagerie qui aide les gens de la rue en gardant leurs sacs."
Jules se souvient: "en arrivant à Lyon, je devais être accueilli par des connaissances originaires du Togo mais à la dernière minute ils m'ont abandonné et je me suis retrouvé dans la rue. La nuit, il dormait dehors et la journée il était bénévole dans une association culturelle à Rillieux-la-Pape. C'est là qu'il a rencontré une fillette de 11 ans qui, l'entendant évoquer sa situation, en a parlé à son père. La famille a décidé d'accueillir Jules, qui vit encore chez eux aujourd'hui. "Cette famille est devenue comme ma famille". Infirmier de formation, Jules est bénévole dans plusieurs associations et dans un centre de vaccination contre le Covid 19, 2 jours par semaines.
"On doit vivre ensemble, c'est un ensemble qu'on peut aller plus loin. On ne peut pas construire un pays ou un monde dans la division, ensemble on est plus fort" martèle Jules, convaincu que cette fraternité est la clé de son intégration en France.
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