"Dans nos vies, comme face aux enjeux du changement climatique, nous avons toujours le choix. Celui de regarder où l’on va pour bien s’outiller, ou de laisser des émotions malsaines aveugler notre discernement." Pour nous éclairer sur l'adaptation au changement climatique, Stacy Algrain fait de sa vie une fable, façon La Fontaine.
Il y a quelques années, j’ai voyagé pour la première fois en Angleterre. Je m’en souviens très bien, c’était le cadeau que j’avais offert à mon père pour son anniversaire. 2 jours ensemble pour découvrir Londres. Big Ben et les images encore vives de mes cours d’anglais dans ma tête.
La nourriture, nous et une intoxication alimentaire pour moi. Un vrai plaisir. Puis vînt le moment de recharger les batteries. Celles de nos corps éreintés, dont les jambes avaient servi de moyen de locomotion principal, et celles des appareils électroniques.
Prêts à faire face à cette nouvelle normalité.
Ordinateurs, téléphones, tout devait y passer. Les p’tits trous dans le mur auraient pu être intimidants, m’offrant un visage inconnu. Mais que nenni ! En regardant la prise, j’esquissais alors un sourire. Fière de mon organisation, celle-là même qui m’avait conduite à emporter dans ma valise un adaptateur. Nous étions prêts. Prêts à faire face à cette nouvelle normalité.
Être seul. Seul dans un 25 mètres carrés après avoir partagé ses nuits et bien des journées avec une autre. Jonathan, c’est le nom de cet ami qui, après la passion et le lent délitement d’une relation, avait finalement retrouvé le calme assourdissant du célibat.
Plus de cris, ni de larmes. Ne reste que l’écho de la rupture tournant inlassablement dans sa tête. Une porte qui claque. Bien sûr, il avait eu une vie avant elle. Avant les “nous” et les “pour toujours”. Ça ne le dérangeait pas d’être seul. Avant.
De seule issue, la fin de contrat s’était transformée en peine d’emprisonnement dans la mélancolie. Il n’avait pas prévu que ce serait si dur de s’adapter à l’absence d’un être qu’on a aimé aussi fort qu’on a pu le détester. Peut-être ne s’y ferait-il jamais à l’envol de ces possibles avec elle. Ça aurait pu se finir autrement pour peu qu’ils eussent accepter de s’écouter.
Au siècle de La Fontaine, les fables éclairaient nos consciences individuelles et collectives. Toujours de mise, ces histoires courtes aux idées lourdes de sens, sont des phares dans la nuit. Et voilà que les Jonathan et les Stacy, se font les lièvres, renards et autres messagers de notre époque.
Nous avons toujours le choix.
Ils nous apprennent que dans nos vies, comme face aux enjeux du changement climatique, nous avons toujours le choix. Celui de regarder où l’on va pour bien s’outiller, ou de laisser des émotions malsaines aveugler notre discernement.
Car si d’un cœur brisé on se remet un jour, quand l’eau vient à manquer et le soleil à tout brûler, on rêve alors de cette époque où l’on pouvait encore s’adapter.
Jeunes de la "génération climat", Alexandre Poidatz et Stacy Algrain livrent en alternance, chaque semaine, leur regard sur l'écologie et leurs clés pour changer le monde.
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