Je me suis rendu compte qu’on utilisait peu le mot "fraternité" avec Floraine dans nos chroniques depuis le début de l’année alors que, quand même, c’est dans notre devise républicaine et c’est un sujet central de ce que l’on vit à Coexister. De plus, aujourd’hui c’est un sujet d’actualité. Je pense au maire de Saint-Brevin et au fait qu’il a été menacé pour avoir soutenu l’installation d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile...
À Coexister on travaille beaucoup sur le lien entre nos convictions religieuses et spirituelles et nos actions de vie. Notamment les actions vis-à-vis de la société, vis-à-vis des personnes avec qui nous devons construire une société commune, qu’on le veuille ou non, qu’on les aient choisis ou non.
Le postulat de base c’est que la diversité existe, qu’elle nous pousse en dehors de notre zone de confort et que si on apprend à naviguer dedans, elle n’est que positif. Si on refuse de faire avec, ça se termine inéluctablement en conflits qui peuvent mener à la mort.
Aujourd’hui, je vous avoue qu’en voyant la violence qui s’exprime contre une personne qui essaie de faire vivre la devise républicaine, qui est une conviction citoyenne sur laquelle la France s’est construite, ça me pose beaucoup de questions.
Surtout, je crois que dans la plupart des convictions religieuses, l’importance d'accueillir la diversité est soulignée. Dans le lien "conviction et société", si on parle de convictions religieuses, il y a plusieurs textes saints qui pose que la diversité est un cadeau qui permet à l’être humain de s’élever. Par exemple, dans le Coran, dans la Sourate 49 il est dit : "Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez." Ou encore la doctrine sociale de l’Église catholique est très claire et le pape François l’a mainte fois confirmé en disant que "dans la diversité des ethnies, des sociétés et des cultures, nous voyons ainsi semée la vocation à former une communauté composée de frères qui s’accueillent réciproquement, en prenant soin les uns des autres"*.
Alors personne n’a dit que c’était facile. Clairement le premier réflexe est de se dire : "Je ne vois pas pourquoi moi je vais faire de la place alors que la personne en face va m’imposer qui elle est et tout ce que ca va faire c’est que je vais me faire écraser..." J’entends bien cette petite voix. Cependant, après des années d'expérience dans la gestion positive et lucide de groupes composés de personnes très diverses, je peux vous assurer qu’elle est irrationnelle et que rarement, quand on laisse de la place à l’autre, il la prend sans nous en laisser.
De plus, on a quand même pas mal de preuves historiques qu’en refusant l’identité de l'autre, cela se termine en conflit, donc on sait que cette option ne fonctionne pas. Donc si on essayait autre chose, pour de bon cette fois, dans la continuité de ce qui a été pensé en construisant l’union européenne ou encore en écrivant la déclaration universelle des droits humains ? Tout cela a été construit par des personnes qui avaient espérance et foi dans l’être humain, qui ont agi avec la conviction profonde que l’on pouvait faire mieux pour vivre ensemble. Aujourd’hui je nous invite au courage car comme le disent Paska et Romeomania, "On va pas baisser les bras car ça, on a pas le droit."
Chaque lundi dans la Matinale RCF à 8h52, retrouvez Anne Plouy et Floraine Jullian, de InterFaith Tour, le Mouvement interconvictionnel de jeunesse et d'éducation populaire.
> Le Temps des olives, la chronique interreligieuse
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