Edito - Le plastique : produit par quelques-uns, un problème pour tous

Saviez-vous que la moitié de la pollution plastique mondiale est produite par une grosse cinquantaine de multinationales? Moi non plus. Je l’ai découvert au début de cette semaine. Ces multinationales, nous les connaissons tous puisqu’à un moment ou à un autre nous avons consommé leurs produits.
 

L’étude qui révèle cela a été publiée dans Science Advances et se base sur les déchets récupérés dans 84 pays entre 2018 et 2022. La plupart sont des emballages à usage unique.
 

Selon un article du National Geographic de 2017, 91% de nos déchets plastiques ne seraient pas recyclés. 91% ! À l'époque cela s’élevait à 6,3 milliards de tonnes métriques à l’échelle mondiale. L’humanité produit près de 400 millions de tonnes de déchets plastiques : alors que 19 % sont incinérés, près de 50 % finissent en décharge, 22 % sont abandonnés et seulement 9 % sont effectivement recyclés.
 

Chez nous en Belgique ce sont entre 40 et 50% des plus de 10 tonnes de plastique que nous produisons qui sont recyclés. Nous ne sommes donc ni les pires ni les meilleurs de la classe Union Européenne. Nous pouvons estimer que nous aurons la moyenne au prochain bulletin.
 

Lundi dernier avait lieu la journée de la Terre. Le thème de ce 22 avril 2024 : Planète contre plastique. Tout est dit. À cette occasion, le Pape François nous a rappelé notre devoir commun de protéger la planète et de préserver la paix. Pour lui, les deux sont liés. Dans tous les cas, la pollution comme la guerre détruisent notre maison commune.
 

Lorsque l’UE a annoncé l’échéance de 2021 pour interdire certains plastiques à usage unique, le Saint-Père a pris de l’avance et a décidé que le Vatican n’en vendrait plus dès son stock écoulé en 2019. En juin 2023, le Vatican avait atteint un taux de 93% d’absence de plastique.
 

Encore une fois le Vatican devance les dernières décisions prises par l’UE, puisqu’un texte a été voté début mars par les eurodéputés l’interdiction d’ici au 1er janvier 2030 des contenants plastiques à usage unique dans la restauration, pour les aliments et boissons consommés sur place. Un service de consigne pour les bouteilles en plastique et les cannettes devra également être mis en place d’ici 2029.
 

Arrêter de consommer complètement les produits de ces entreprises ne règlera pas le problème. Moins de revenus les obligeraient à faire deux choses : augmenter les prix ou arrêter totalement la production de produits dans des emballages réutilisables comme les sodas dans des bouteilles en verre ou les deux options à la fois.
 

En effet, le verre coûte plus cher à produire et à expédier, même si les bouteilles peuvent être nettoyées et utilisées ou tout simplement recyclées à l’infini. La bouteille en plastique coûte moins cher. Son coût de production est même inférieur à celui de son recyclage!
 

Ce que nous pouvons faire pour protéger notre maison commune de ces montagnes de déchets commence par consommer autrement. En fonction de nos moyens bien sûr. Mais nous avons surtout et avant tout tous une voix et nous pouvons l’exprimer le 9 juin prochain. À nous de décider si nous souhaitons ou non que les interdictions de plastiques à usage unique se poursuivent et si nous voulons que des investissements soient faits dans la filière du recyclage. À nous, citoyens de pousser la Belgique vers un meilleur bulletin et l’Europe vers des décisions fortes à l’image de celles du Pape François.