Le 21 février dernier, le gouvernement présentait le projet de loi asile et immigration, dont le texte devrait être débattu à l'Assemblée en avril. Mais sans attendre que les lois se fassent - et même si ce projet de loi laisse sceptiques de nombreuses associations - beaucoup œuvrent pour aider les migrants. Et notamment en enseignant le français.
Qui sont-ils ceux qui donnent de leur temps aux migrants pour être professeur de français bénévole ? Cette 'armée de l'ombre', comme l'appelle Marie-France Etchegoin, n'est pas composée que de militants. Issus de tous horizons, ils sont jeunes, retraités, actifs... Animés par la joie d'être 'à la disposition d'une cause utile', comme Patrick Demiville, qui s'est engagé une fois à la retraite dans le Germae, le groupe d’entraide régional pour mieux apprendre ensemble. 'Un jour j'en ai assez de m'indigner', témoigne Marie-France Etchegoin.
Les hommes et les femmes en attente de leur statut de réfugiés le restent en moyenne pendant un an voire deux. Pendant tout ce temps, il n'y a que les citoyens et les associations pour leur donner des cours de français, puisque les cours prévus par les pouvoirs publics ne sont proposés qu'une fois les papiers délivrés.
De son expérience d'enseignante bénévole dans un centre d'hébergement d'urgence à Paris, la journaliste Marie-France Etchegoin a fait un livre, 'J'apprends le français' (éd. JC Lattès). Un titre à double sens, pour signifier aussi tout ce qu'elle reçoit de la rencontre avec les migrants. 'Eux aussi m'apprennent en retour.'
Quand on a fuit la guerre, la dictature, la famine ou la pauvreté, au long d'un périple douloureux, les cours de français c'est plus que de simples cours. 'C'est à la fois quelque chose de pratique qui permet de se débrouiller, de se sentir mieux, d'avancer, explique Fabien Godefroy, c'est aussi autre chose.' Et au JRS France ils ont été conçus comme des moments où 'on ne travaille pas, où on découvre'. 'Il y a beaucoup de joie, on s'amuse ensemble autour du langage, comme dans une bulle protégés de la vie de tous les jours.'
Elle commence toujours ses cours de français par cette phrase de présentation : 'Je suis Mahmoud', 'Je suis Sharokan', 'Je suis Adbou... ' Marie-France Etchegoin a pris conscience que dire 'Je suis', pour elle c'était aussi simple que de 'respirer'. Mais 'quand on vient d'une dictature où on a été persécuté, quand on s'est échappé d'une prison libyenne... quand son identité a été niée, pouvoir dire je, 'je suis', dans leur langue ou en français c'est déjà une victoire...'
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