C’est un sujet hautement inflammable. Il faut dire que ces grandes hélices juchées sur un très haut poteau ne passent pas inaperçu. Le débat dans l’opinion publique est parti d’une tribune de l’animateur Stéphane Bern dans le journal Le Figaro. Par la suite, plusieurs maires Les Républicains ont demandé à ce que soit mis en place un moratoire, un délai pour tout nouveau projet éolien en France. Du côté du Sénat, à majorité à droite, un droit de véto donné aux maires pour tout nouveau projet de parc éolien a été voté. Pas sûr qu’il entre en vigueur, il manque encore le vote des députés.
Le combat contre les éoliennes, certains le mènent depuis des années. C’est le cas de l’association "Gardez les caps" qui milite depuis 10 ans contre l’installation d’un parc éolien dans la baie de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). 62 éoliennes doivent être installées, à environ 14 kilomètres des côtes pour 200 mètres de hauteur. Une aberration pour Katherine Poujol, présidente de l’assocation, selon qui ces éoliennes sont une catastrophe pour l’environnement et détruisent les fonds de cette réserve naturelle. Elle a porté plainte contre Iberdrola, maison-mère du constructeur du parc éolien, à la suite d’une pollution accidentelle liée au chantier.
Mais d'autres associations se veulent elles plus mesurées. Selon Marc Jedliczka, porte-parole de l’association Négawatt, qui milite pour la transition énergétique, les nuisances ne durent que le temps des travaux. Et tout cela est étudié en amont. En d’autres termes, les bénéfices sont plus importants que les risques selon lui. L’étude d’impact est obligatoire lorsque l’installation dépasse les 50 mètres de hauteur.
Parmi les critiques formulées à l’encontre des éoliennes : leur temps de fonctionnement relativement limité. Dans sa tribune, Stéphane Bern affirme que "les éoliennes fonctionnent 25 % du temps". Mais ce chiffre n’est pas exact. En 2020, le parc éolien français a produit un peu plus de 26 % de ce qu'il aurait pu produire s'il avait fonctionné 100 % du temps à son maximum pendant un an. En fait, les éoliennes fonctionnent près de 80 % du temps. Investir dans l’éolien a pour objectif de réduire la part du nucléaire dans notre consommation énergétique. Un sujet qui divise notamment les partisans du nucléaire. C’est le cas de Xavier Bertrand, président sortant des Hauts-de-France qui se déclare pro-nucléaire et donc opposé aux éoliennes.
L'enjeu ici, c’est celui de l’acceptabilité. Le fait d’avoir une très grande éolienne près de chez soi n’est pas forcément du goût de tous les habitants. C’est le cas dans les Hauts-de-France, région qui compte le plus d’éoliennes sur son territoire. Selon une enquête Ifop, 53% des Français sont opposés à l'installation d'une éolienne près de leur domicile, alors que l'énergie du vent est approuvée par 77% d'entre eux. Cela peut se résumer par le mouvement "NIMBY" pour "Not in my backyard", traduisez "pas dans mon jardin". Mais cette seule analyse serait insuffisante. C'est d’autant plus difficile de l’accepter quand les revenus vont à une grande multinationale et non aux habitants, c’est le cas dans la baie de Saint-Brieuc.
Une des solutions à développer, c’est la propriété coopérative. Les citoyens deviendraient propriétaires de ces éoliennes, participent à la prise de décision et perçoivent des dividendes issue de l'énergie produite.
Du côté du gouvernement, la ministre de l'écologie Barbara Pompili s’affiche en faveur de l’éolien une énergie renouvelable. La France veut agrandir son parc éolien, un secteur qu’elle n’avait pas tellement développé jusqu’alors.
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