Parmi les intervenants lors de la première université d'été de l'écologie intégrale, Éric de Kermel, qui est le directeur de la revue Terre Sauvage et l'auteur de "Mon cœur contre la terre" (éd. Eyrolles, 2019), préfacé par Cyril Dion. Il revient sur un élément essentiel de la conversion écologique, la réconciliation de l'homme avec la nature.
LA PREMIÈRE UNIVERSITÉ D'ÉTÉ DE L'ÉCOLOGIE INTÉGRALE - Du 19 au 23 août 2019, se tient la première université d'été de l'écologie intégrale, à l'initiative de chrétiens écologistes.
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Lors de son intervention à l'université d'été de l'écologie intégrale, Éric de Kermel a invité son auditoire à réfléchir à l'écologie intégrale en termes de réconciliation. "En employant ce mot, explique-t-il, je veux que l'on prenne conscience que l'on part de loin, de siècles qui ont plutôt conduit à sectoriser les différents domaines d'activité... On a aussi été conduits à dire qu'on voulait que l'Homme protège la Nature sans se rendre compte que l'Homme est lui-même un élément de la Nature."
Opérer cette réconciliation va demander de l'inventivité dans la mesure où de plus en plus de nos contemporains sont des urbains : les enfants n'ont plus l'occasion d'observer la nature et en sont donc déconnectés. Ils en ont une approche intellectuelle, apprise dans les livres et non plus un "rapport sensible, d'émerveillement, d'étonnement". Pour Éric de Kermel, il y a donc une pédagogie de la nature à opérer, qui passe par l'émerveillement, parce que, dit-il, c'est l'émerveillement qui donne envie de protéger. "Il nous faut ressentir que nous sommes part de la nature, il ne faut pas que ça reste théorique", affirme encore Éric de Kermel.
Lorsque le groupe Bayard presse lui a demandé de prendre la direction du magazine Terre Sauvage il y a une vingtaine d'années, Éric de Kermel n'était pas un "écolo averti". Fils de diplomate, il a beaucoup voyagé pendant son enfance en Amérique latine et en Afrique du nord et dit avoir eu la chance "d'être en relation avec milieux naturels puissants, forts", mais il n'a pas étudié l'écologie ni du point de vue scientifique ni du point de vue philosophique.
À ce poste, il a été "nourri d'informations sur la dégradations des milieux naturels" et a côtoyé ces différents milieux en allant sur le terrain. Il dit avoir pu alors mesurer "combien cette dégradation était réelle" et qu'elle s'est faite en seulement quelques années. "J'ai vu en sept ans des oiseaux disparaître des champs" affirme-t-il. Même constat en mer : "en plongée sous-marine, avant il suffisait d'un masque et d'un tuba pour, dans la rade de Toulon, voir une faune marine importante et aujourd'hui si on plonge dans la rade de Toulon on trouve des pneus, des bouteilles et des déchets et plus un seul poisson".
Cette prise de conscience l'a conduit à changer de posture pour ne plus être seulement un observateur : il a accepté de s'impliquer dans la sensibilisation du grand public sur la nature. Il a notamment été à l'origine de la création de la Fête de la nature en France.
2015 est pour lui un tournant : à l'occasion de la COP21 et à l'invitation de Nicolas Hulot, il crée le Sommet des consciences, qui réunit au Conseil économique, social et environnemental (CESE), six mois avant la COP21, des personnes représentant toutes les philosophies et sagesses du monde. Ensemble, ils abordent la question de l'écologie sur un plan spirituel, pour "réinterroger la question de la finalité et la place de l'Homme dans son interraction avec la nature". Éric de Kermel constate alors que "toutes les religions et spiritualités sont d'accord pour dire qu'il y a là un chantier commun". 2015 est aussi l'année de la parution de l'encyclique Laudato Si' qui conduit à "rassembler des domaines qui se parlaient peu : la dimension spirituelle, la dimension sociale et le rapport à la nature".
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