Toutes les grandes villes du monde connaissent ce phénomène : une ségrégation spatiale selon les écarts de richesse. Qui sont les personnes exclues de notre société ?
On s'en souvient, en mars 2016 la polémique enflait autour d'un centre d'hébergement d'urgence qui devait s'installer dans le XVIè arrondissement de Paris, à la lisière du bois de Boulogne. 'Dans les grandes métropoles aujourd'hui la richesse se concentre de plus en plus dans certains territoires, explique Serge Paugam, et la ségrégation spatiale, si elle augmente dans chacune des métropoles, c'est en raison de ce phénomène.' Le sociologue est l'un des auteurs de 'Ce que les riches pensent des pauvres' (éd. Seuil), une enquête menée à Paris, Delhi (Inde) et São Paulo (Brésil). Pour tenter de comprendre comment les plus aisés vivent dans 'ces ghettos de la richesse et de l'opulence'.
'On voit très bien qu'il y a de plus en plus dans notre société, une attitude qui consiste à considérer que les pauvres sont indésirables dans la cité.' Parmi les témoignages que Serge Paugam a pu recueillir, une 'répulsion physique' avancée pour expliquer le refus de voir près de chez soi des personnes 'en état de délabrement physique'. On n'est pas si loin du 'Classes laborieuses et classes dangereuses' de Louis Chevalier (1958). Et si on relisait le discours de Victor Hugo 'Détruire la misère', du 9 juillet 1849, en accès libre sur le site internet de l'Assemblée nationale ?
À mesure que les frontières se sont ouvertes, on a vu la population vivant à la rue ou dans les centres d'hébergement changer. Comme le notre Julien Damon, auteur de 'Exclusion : vers zéro SDF ?' (éd. La Documentation française ), si cette population était 'autrefois essentiellement française, aujourd'hui elle est composée de migrants extra et intra européens'.
Sujet ô combien sensible, mais qu'il convient d'aborder avec justesse. Notamment en donnant la parole aux acteurs de terrain. Eric Pliez parle notamment de ces familles qui attendent d'être régularisées, et logent dans des hôtels. Où elles sont exposées à une trop grande proximité, à la malnutrition, la violence et la dépresson. 'De façon pragmatique', pour sortir ces familles de ce cycle infernal, il faudrait, nous dit Eric Pliez, 'régulariser ces familles qui sont là depuis plusieurs années'.
'On dit souvent qu'il y a 140.000 personnes à la rue en France', explique Eric Pliez, mais 'une grande partie d'entre eux sont hébergés, même provisoirement'. Ainsi, il est important de préciser que les personnes que l'on voit dans la rue ne sont pas forcément ceux auxquel le Samu social vient en aide : 15% de jeunes, 25% de travailleurs pauvres. Environ 40.000 personnes chaque jour. Mais en revanche, ceux que l'on voit dans la rue sont souvent ceux 'qui ont renoncé à appeler le 115'. Les exclus, et parmi eux surtout des hommes, même si on voit de plus en plus de femmes. 'Plus les gens restent à la rue, plus ça va être long pour recréer du lien.'
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