Ce vendredi, les mobilisations pour le climat reprennent, après avoir connu une pause due au confinement. Aux revendications écologistes se sont ajoutées des discours anticapitalistes. Justice sociale et justice climatique sont très liées et il faut donc travailler en même temps sur ces terrains. C’est ce qu'explique l'économiste et eurodéputé Pierre Larrouturou dans son dernier livre Aujourd’hui l’esprit se révolte.
Selon Pierre Larrouturou et de nombreux experts, nous sommes à un "moment crucial" au niveau climatique. Si la crise économique a pu faire diminuer les émissions de gaz à effet de serre, "il y a tellement de feux de fôrets, le monstre est en train d’échapper à son créateur", alerte l'économiste. Egalement rapporteur du budget européen de 2021, il se bat pour que de l'argent soit débloqué pour "ceux qui se battent pour le climat".
"On ne peut pas dire qu’il y a pas d’argent pour les retraites, pour les hopitaux et le climat et donner 1300 milliards aux banques", dénonce Pierre Larrouturou selon qui on peut trouver des moyens financiers à travers les impôts et les taxes. C'est le secteur de la finance qui doit participer à l'effort selon lui et plus particulièrement les banques. "Il y a un besoin de justice fiscale. On ne peut pas taxer monsieur et madame Tout-le-monde et ne pas taxer les marchés financiers".
Face à la crise économique, il défend l’idée de "travailler moins pour licencier moins", connue en Allemagne. Au lieu de couper des effectifs, il faudrait baisser le temps de travail et les salaires. "On nous dit qu’il y aura 800 000 chômeurs en plus. Moi j’aimerais que les licenciements restent une exception", déplore Pierre Larrouturou.
Mais la crise climatique peut générer des emplois. "Si on obtient les financements pour lesquels on se bat au niveau européen, en France, on peut créer 900 000 emplois notamment dans l’isolation des batiments. Bruxelles pourrait aider à payer la facture", explique l'eurodéputé.
L'Union européenne doit être un véritable appui dans cette justice fiscale, car elle en a les moyens. Elle doit permettre un "bouclier emploi européen". "Les solutions se trouvent au niveau local. Mais pour taxer la spéculation, aucun pays seul ne peut le faire mais au niveau européen on peut le faire", déplore Pierre Larrouturou.
Il appelle donc les citoyens à interpeller les dirigeants pour que les choses changent. "Ça n’est pas foutu. Si on fait rien, dans 15 ans ce sera l’horreur", regrette l'économiste. Et pour cela, il sera dans la rue ce vendredi pour manifester avec les jeunes.
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