Une étape importante, pour trois raisons.
La PAC, une longue négociation pour distribuer le tiers du budget européen et verdir l’agriculture européenne
1.Cela fait juste trois ans 1/2 que les 27 pays de l’Union européenne négocient cette nouvelle politique agricole commune, ce qui montre tout l’enjeu de la PAC
2. Son poids financier est conséquent : la PAC c’est 397 milliard d’euros pour une politique à dérouler sur 4 ans de 2023 à 2027, qui représente 1/3 du budget de l’Union européenne. La France est le plus gros bénéficiaire de la PAC
3. C’est la traduction de la volonté européenne - ou non - de sceller l’engagement de l’Europe vers une agriculture zéro carbone, vertueuse. C’est tout le paradoxe : l’agriculture des engrais, des méthodes extensives, des énormes engins représentent la majorité encore de l’agriculture européenne et elle détruit les sols la biodiversité et contribuent au réchauffement climatique avec les émanations de méthane des bovins et le fuel des tracteurs…. alors que l’agriculture, on croit que c’est le secteur de la nature, et c’est tout le contraire.
Une inflexion plus qu’une réalisation verte et décarbonée
Nous assistons, non pas à la révolution espérée par les plus désespérés face à l’urgence climatique, mais à une inflexion vers une agriculture plus verte et plus autosuffisante.
Les primes aux agriculteurs seront décernés à ceux qui participent à des programme environnementaux plus exigeants qu’actuellement : pour ceux qui vont adapter des techniques pour moins gaspiller les intrants, les engrais, les pesticides ou ceux qui amélioreront le bien être animal.
Pour baisser les émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole, baisser de 50 % les pesticides d’ici 2030, et arriver au quart des terres en bio à la fin du programme (2027).
L’introduction des éco-régimes est une nouveauté.
C’est un nouveau dispositif qui représente un quart de l’enveloppe des subventions globales, Qui doit aider et inciter l’agriculteur à être plus vertueux mais avec des écarts d’appréciation assez étonnants : on la donnera à l’agriculteur qui se convertit à l’agriculture biologique, tout comme à celui qui développe la nouvelle technologique d’arrosage des intrants avec l’aide satellitaire ou qui adhère au label HVE, haute valeur environnementale, qui est nettement moins exigeant que l’agriculture biologique. Les agriculteurs bio ne sont pas réellement favorisés.
Une trajectoire commune aux 27 Etats et des plans stratégiques nationaux avec une priorité : la souveraineté alimentaire
L’Europe donne une trajectoire et ce sont les Etats qui choisiront le plan stratégique.
Ce qui est certain et commun, ce qui a dominé, c’est la volonté, plus que la sortie des pesticides, de préserver la souveraineté alimentaire. Nous, européens, importons en effet la moitié des fruits et légumes que nous consommons et nous dépendons beaucoup de l’Amérique du sud pour l’alimentation du bétail.
Pour conclure, ce qui a été voté à Strasbourg, ce n’est pas une révolution agricole mais une assez douce évolution agricole qui va contenter les agriculteurs de la puissante FNSEA et faire hurler les plus vertueux.
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