Génération Écolo, une chronique de l'émission Commune Planète - Retrouvez cette chronique dans l'émission Commune Planète du 19 juin, sur le thème 'Faut-il en finir avec l'avion ?'
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Adrien Louandre a 25 ans. Militant du MRJC (Mouvement rural de jeunesse chrétienne), il est passionné par les questions d'écologie. Il livre son regard sur l'avion.
L’avion a fait son temps. Il a permis d’ouvrir de vastes horizons, mais il est à l’image du système capitaliste : une idée qui parait bonne mais qui va beaucoup trop loin et qui sous prétexte d’envies détruit la vie. Pourtant, il reste difficile de se débarasser des plus de 100.000 vols effectués en temps normal quotidiennement. Le poids des structures et des prix jouent ici beaucoup : pour une personne en partance de Paris qui veut aller voir sa famille à Tunis, l’avion reste bien plus pratique que de faire Paris – Madrid / Madrid – Gibraltar en train puis Gibraltar – Alger en bateau et Alger – Tunis. De plus, dans ce cas, l’avion est bien légitime. On ne saurait en dire autant pour un vol Paris – New York qui coûte 3m² de banquise, ou pour les innombrables vols intérieurs qui pourraient être réalisés en train. Le gouvernement a annoncé mercredi 17 juin une relance des trains de nuits après des années de protestations des écologistes, et effectivement, il serait grand temps. (ces mêmes lignes de trains dont beaucoup ont été fermées depuis 2010…).
Car même à titre personnel, lorsque l’on a fait beaucoup d’efforts écologiques toute l’année à limiter les déplacements en voiture, à manger végétarien, bio et local, etc. etc. Après une année de travail on peut avoir envie de 'lâcher du lest' et d’aller prendre des vacances à l’autre bout de l’Europe. D’autant que, de toute façon, l’avion partira même sans que l’on y soit ! Pourtant, un seul trajet détruit des mois d’efforts. Le capitalisme et son harcèlement publicitaire, son abîme absolu de sens et son rythme frénétique pousse à consommer et à vouloir s’évader loin de tout.
Moi le premier j’ai été coupable de cela, notamment pour un voyage dans le Nord de la Suède, pays fondateur du flygskam, c’est-à-dire de la honte de prendre l’avion pour raison écologique. Mais comment faire autrement quand il y a si peu d’infrastructures ? De plus, de quel droit blâmer une famille qui aurait envie de prendre du repos après la mort d’un proche, ou qui souhaite en retrouver un ? Si l’on pense 'écologie intégrale' c’est-à-dire rétablissement des différentes relations (à soi, aux autres, à la nature et à la transcendance), ce n’est pas possible. Surtout lorsque l’on sait, comme le dit l’économiste Gaël Giraud, que même si tout le monde vivait tel des ermites franciscains, l’objectif de réduction de GES ne serait atteint qu’à 20 ou 25%.
Je pense que la solution est systémique. Le gouvernement, à mon sens, n’est pas à la hauteur de la crise. C’est certes facile à dire lorsque l’on est pas aux responsabilités, mais comment comprendre un plan de relance de 15M d'euros pour l’aéronautique alors que lorsque les ONG et les fonctionnaires demandent de l’argent pour endiguer la pauvreté, investir dans la transition écologique, dans l’école ou dans l’hôpital… On nous dit qu’il n’y en a plus. Le gouvernement pense, comme le dit Camus 'le monde d’hier avec des idées d’avant-hier' en mettant un brin de peinture verte sur la devanture des ministères pour faire passer la pilule du profit. Il va falloir bien plus, pour l’avion comme pour le reste. Pour la jeunesse, c’est une question de survie. Nous aussi on aimerait bien avoir des enfants… mais pour l’instant, c’est mal parti.
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