Certains élus écologistes ont critiqué le Tour de France pour ses conséquences sur l'environnement. Mais la course cycliste essaye d'adopter des méthodes plus écologiques.
Alors que les coureurs entament ce mardi la dernière semaine du Tour de France, l’événement cycliste est de plus en plus critiqué pour son impact environnemental. Les élus écologistes n’hésitent pas à prendre la parole depuis leur victoire aux élections municipales.
Le Tour de France est "machiste et polluant". C'est ce qu'a affirmé le maire écologiste de Lyon Grégory Doucet, dans les colonnes du journal Le Progrès, jeudi dernier. Cette déclaration a rapidement suscité la polémique et fait réagir la classe politique et les nombreux adeptes de la Grande Boucle. Mais pour Alain Coulombel, porte-parole d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), ce débat doit avoir lieu. "On ne remet pas en question ce que cela peut représenter comme moment de plaisir. Ce que nous cherchons à mettre en débat, c'est le modèle économique et environnemental du Tour de France. Aujourd'hui le Tour de France, ce sont des centaines de véhicules sur les routes et un cortège publicitaire complètement disproportionné", explique-t-il.
Ce débat n’est pas nouveau. L'année dernière, plusieurs députés et associations avaient déjà signé une tribune pour dénoncer l’impact écologique de la Grande Boucle. Les organisateurs de la course en ont conscience. C’est ce qu’affirme Karine Bozzacchi, en charge du département Responsabilité sociétale et environnementale (RSE) au Tour de France : "sur nos espaces Tour de France, on génère trois ou quatre tonnes de déchets qui sont à 60% recyclables".
Les organisateurs essayent d'adopter des mesures en faveur de l'environnement, depuis une dizaine d’années. "Pour la première fois, nous avons réussi cette année à modifier notre parc véhicule avec des véhicules 100% électriques", explique Karine Bozzacchi. Les organisateurs ont également interdit les emballages en plastique pour tous les petits cadeaux distribués par la caravane du Tour de France.
Mais ces changements ne sont pas suffisants pour Alain Coulombel : "tout cela est marginal. Il faut aller beaucoup plus loin, beaucoup plus fort et beaucoup plus vite".
Les élus écologistes restent très critiques vis-à-vis du Tour : c’est d’ailleurs la raison pour laquelle la ville de Rennes a refusé d’accueillir le départ de la Grande Boucle en 2021. Certains élus écologistes dénoncent aussi parfois le sexisme de la compétition. Les organisateurs ont d’ailleurs répondu à cette remarque en remplaçant, pour la première fois cette année, les deux femmes présentes au protocole de remise de prix par un couple mixte. Mais le maire de Lyon demande également la création d’un Tour de France féminin. C'est en cours de réflexion, d’après l’organisation du Tour.
Cette polémique représente un risque pour les élus de perdre des électeurs. Daniel Boy, directeur de recherche au Cevipof, à Sciences Po, et spécialiste d’écologie politique. "La vraie raison pour laquelle c’est maladroit c’est que le Tour de France est populaire. Ce qu’on reproche le plus souvent aux écologistes, c’est de ne pas être assez inséré dans les classes populaires. S’attaquer aux classes populaires , c’est une mauvaise stratégie", explique le politologue.
Les élus écologistes ont fait parler d’eux au-delà du Tour de France. Le maire EELV de Bordeaux, Pierre Hurmic, avait lui envisagé de supprimer les sapins de Noël dans sa ville.
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