Avec les émissions de rentrée qui invitent à plus d’engagement écologique, Pascal Greboval du magazine Kaizen est ravi, lui qui milite depuis 10 ans à inciter les citoyens à faire leur part. Il est au micro de Melchior Gormand.
J’ai envie de dire qu’au quotidien, il faut plutôt faire les choses sans les clamer. Exemple : si vous invitez des proches et que vous leur préparez un repas végétarien pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, liées à la production de viande, évitez d’annoncer à l’arrivée de vos convives, « ce soir, le diner est végétarien », souvent ça ferme les chakras et les estomacs, des non pratiquants. Ne dites rien, et en fonction de la réaction de vos invités, surtout s’il vous disent « c’était super bon j’ai bien mangé » répondez sobrement « Merci et je suis trop fier, j’ai réussi à vous faire plaisir sans viande ». Ce que Gandhi résumait par : « Montrer l'exemple n'est pas le meilleur moyen de convaincre : c'est le seul ! »
En effet l’engagement demande une forme de cohérence. Et la cohérence aujourd’hui, c’est choisir la sobriété, ce qui signifie renoncer. Mais renoncer ce n’est pas revenir au modèle amish. La sobriété c‘est se sentir plus libre, rappelons que l’un des antonymes du mot sobriété c’est ébriété. Aujourd’hui, nous sommes tous en état d’ébriété énergétique. Et l’immense majorité s’accorde à dire que l’ébriété dû à l’alcool au mieux nous fait perdre notre contrôle mais souvent nous rend dépendant. Nous devons donc stopper cette ébriété énergétique.
Ça veut dire que pour les 3 ou 4 km qu’on doit effectuer pour aller faire les courses ou aller au travail, on ne trouve pas de bonnes excuses pour prendre sa voiture, on la laisse au garage, on prend son vélo ou on y va à pied. Vous ne pouvez pas imaginer le sentiment de liberté que vous avez de ne pas être coincé dans les embouteillages, de ne pas perdre de temps pour vous garer, de ne pas faire la queue à la station-service et ce sentiment de légèreté, libéré, délivré de la tonne d’acier qui vous entoure, coincé dans votre auto.
Ça veut dire que pour les prochaines vacances, vous ne prenez pas le premier vol low coast pour une semaine à l’autre bout du monde, ça veut dire que votre smartphone vous le gardez au moins trois ans, ca veut dire que vous achetez des légumes de saison même l’hiver : cohérence cohérence. Ce ne sont que des exemples qui impactent les Français. Faire sa part, c’est bien mais ça ne suffit pas.
L’engagement ne peut plus se cantonner à des actes individuels. Et c’est peut être le plus compliqué. Comment s’engager dans une dynamique de radicalité, car c’est quand même de ça dont il s’agit, qui dépasse sa sphère personnelle. Il y bien-sûr les ONG et associations qui ont toujours besoin de bénévoles. Je pense qu’on peut trouver aussi une forme d’engagement dans des prises de position, des prises de parole auprès de sa commune, son entreprise, son association, sa communauté qui questionnent les évidences. Et c’est là que l’engagement devient fort, quand on défend ses positions avec des arguments précis tout en restant calme et à l’écoute. Bref, l’engagement écologique, c’est un vrai travail spirituel !
Kaizen est un magazine "explorateur de solutions écologiques et sociales". Une chronique à retrouver tous les mardis à 10h55 dans Je pense donc j'agis.
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