Mobilités, alimentation mais aussi domaine industriel ou encore protection de l’environnement : où en est-on des grands chantiers impulsés par Marseille dans sa transition écologique et sociale ?
Faire partie des 100 villes neutres en carbone d'ici à 2030 au niveau européen : c'est l'objectif de Marseille qui a signé cette convention en mars dernier, au même titre qu'Angers, Bordeaux, Lyon ou Paris. "Ce label vise à accélérer la transition dans tous les domaines liés aux émissions de carbone : transports, logement ou encore alimentation", explique Antoine Lannuzel, journaliste spécialiste des questions environnementales à Marseille, ancien rédacteur en chef de la revue Wedemain et correspondant de Ouest France à Marseille. "L'enjeu est notamment d'obtenir des financements et de l'ingénierie pour aller plus vite sur ces sujets."
Selon Antoine Lannuzel, "ces défis nécessitent d'abord de l'égalité : c'est aussi une question de justice sociale". Cela pose en effet la question de l'accès aux transports, à une alimentation bio ou encore à des logements performants énergétiquement. Cette fracture est notamment très prégnante au niveau des transports. "L'idée, c'est de faire marche arrière sur ce découpage d'une ville entre quartiers aisés d'une part, délaissés et déconnectés d'autre part", poursuit le journaliste.
Extension du réseau de bus et des lignes de tramway, plan vélo : ces mesures "vont dans le bon sens", admet Antoine Lannuzel, qui souligne également l'impact, notamment financier, du plan Marseille en grand et du soutien de l'Etat pour désengorger et décarboner la deuxième ville de France.
Quant au projet de ZFE (Zone à Faibles Emissions) dans le centre-ville de Marseille prévu pour 2025 et reporté sine die au février dernier par la Métropole d'Aix-Marseille, Antoine Lannuzel estime qu'il s'agit d'une solution "à double tranchant : c'est une bonne nouvelle dans cette notion d'urgence sociale, car certains habitants du centre-ville n'ont pas les moyens de s'équiper en véhicule électrique, mais cela ne fait que reculer le besoin de décarbonation, avec notamment la pollution qui touche les quartiers précaires traversés par les autoroutes."
Avec l'inflation qui a fortement augmenté au cours des derniers mois et la baisse consécutive du pouvoir d'achat, les ventes de bio ont baissé de 7% en 2023. Le prix est un obstacle pour les populations les plus précaires, mais aussi la culture et la distribution. "Pour y remédier, plusieurs initiatives ont vu le jour, comme la ferme de Capri qui cultive 8 500 m² en bio dans les quartiers nord de Marseille et distribue également ses produits dans le quartier", indique le journaliste.
Selon ce dernier, les pouvoirs publics ont également un rôle à jouer, notamment dans les cantines dans lesquelles des régies municipales sont parfois mises en place afin de choisir plus facilement ses fournisseurs et de baisser les coûts.
Quitte à aller, comme dans le domaine de la santé, jusqu'à une sécurité sociale de l'alimentation ? Une piste intéressante à creuser, pour Antoine Lannuzel, qui y voit "une redéfinition du pacte citoyen quand on inclut l'alimentation dans les droits fondamentaux".
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