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Migrants: "Le délit de solidarité n'existe pas"

RCF,  - Modifié le 27 juin 2021
Le Temps de le direMigrants: Le délit de solidarité n'existe pas
Venir en aide à des personnes en détresse et se trouver dans l'illégalité: une question délicate et difficile pour les ONG et tous ceux qui veulent agir au nom de la solidarité.
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C'est aujourd'hui, jeudi 16 février que Félix Croft, un Français de 28 ans, doit affronter la Justice italienne. Il avait été arrêté en juillet 2016 au péage italien de Vintimille en compagnie d'une famille de six Soudanais dans sa voiture. Il encourt jusqu'à 15 ans de prison pour aide à l'immigration clandestine. Il a déclaré venir en aide bénévolement à ces personnes en difficulté - l'une d'entre elles était enceinte et l'autre était un bébé, a-t-il précisé dans la presse - au nom des valeurs républicaines et de la fraternité.
 

"J'ai voulu écourter leur calvaire"
Raphaël Krafft

 

Le témoignage de Raphaël Krafft

L'affaire Félix Croft suit de quelques semaines le cas de Cédric Herrou, agriculteur des Alpes maritimes, condamné à 3.000 euros d’amende avec sursis pour avoir aidé des migrants à venir en France. A cette même frontière italienne, le journaliste Raphaël Krafft dit s'être "trouvé face à un cas de conscience." Il vit à Paris, dans le quartier de la Chapelle, non loin de là où des migrants s'étaient installés sous le métro suite à l'évacuation du camp de Calais. Des événements qu'en tant que journaliste il a couverts.

"Quand on fait des interviews avec des personnes qui vivent dehors dans le froid, à 300 mètres de son domicile c'est difficile de rentrer chez soi sans rien faire d'autre." Lorsque, à la frontière italienne, il s'est trouvé face à deux Soudanais menacés de mort au Darfour et qui avaient pour projet d'aller en France, il a "posé son micro" de journaliste pour les guider à travers les Alpes.
"Satellite" et Adeel ont fini par obtenir la protection de la France. "C'est peut-être grâce à des Cédric Herrou à des Raphaël Krafft, qu'on a le sentiment qu'il y a des Justes parmi les nations parmi nous et qui font honneur à la France", observe Véronique Albanel, de JRS France.
 

"C'est la mission de notre association de venir en aide aux plus démunis, quelle que soit leur situation."
Véronique Fayet

 

solidarité en tension

Que ce soit à la frontière italienne ou à Calais, les forces de police se refusent, régulièrement, à distinguer initiatives solidaires et réseaux de passeurs - les premiers agissant bénévolement, en leur nom propre ou de leur ONG, au nom de l'hospitalité, les autres s’enrichissant sur la peur et la fragilité d’hommes et de femmes en détresse.

Hier, mercredi 15 février, une journaliste et une salariée du Secours catholique, ainsi que sept jeunes mineurs migrants, ont été arrêtés à Calais par la police à l'entrée des locaux de l'association. Ils ont été relâché avec des excuses, mais les tensions sont constantes. Dans une vidéo publiée ce jour sur Facebook, la présidente du Secours catholique, Véronique Fayet rappelle: "Il y a quelques jours c'est la mairie qui a fait déposer une benne à ordure devant nos locaux pour bloquer l'entrée et empêcher l'installation d'une service de douche."
 

 

ce qui légal, ce qui est légitime

Face à ces personnes qui ont tout perdu où est passé notre sens de l’hospitalité? Que sont devenues nos valeurs de fraternité? Comme le dit Véronique Albanel, au-delà des lois, il y a "une question de rencontres humaines, on est interpellé par la détresse humaine, qui prime tout le reste, il y a quelque chose qui se joue de l'ordre de la conscience." Pour les ONG, il n'est pas réjouissant de se trouver ainsi dans l'illégalité alors qu'on agit au nom de la solidarité.

"L'action humanitaire est légale." Pour Laurent Giovannoni, du Secours catholique, cela ne fait pas de doute: "Ce sont les pouvoirs publics qui se mettent dans l'illégalité en pervertissant la loi." Selon lui, "il faut le dire clairement: le délit de solidarité n'existe pas". Il précise que le texte de loi sur la question, voté en 1945, "visait uniquement les filières criminelles". "Quand on se trouve face à des situations de détresse humaine, conclut Geneviève Jacques, de la Cimade, qui sont la conséquence de l'application bureaucratique et inhumaine d'une législation, il peut être légitime de donner la priorité à la protection de la vie, de la dignité, des droits fondamentaux des personnes étrangères."

 

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