Le pape François a choisi pour cette 103è Journée, le thème des "Migrants mineurs, vulnérables et sans voix". Parce que "parmi les migrants, écrit-il dans son message, les enfants constituent le groupe le plus vulnérable", l'Eglise encourage les communautés d'accueil à veiller à l'intégration des mineurs, proies faciles pour les trafics les plus dégradants. "Les migrants mineurs échouent facilement aux plus bas niveaux de la dégradation humaine." Le pape adresse aussi un appel à la communauté internationale pour enrayer les conflits qui sont à l'origine des phénomènes migratoires.
MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS POUR LA JOURNÉE MONDIALE DU MIGRANT ET DU RÉFUGIÉ 2017
Les mineurs qui arrivent dans notre pays sont d'abord des enfants et des adolescents avant d'être des étrangers en situation irrégulière. Fin octobre 2016, après le dernier démantèlement de la "jungle" de Calais, on semblait le découvrir, en voyant dans les médias des photos de migrants mineurs errer dans les rues. On pense qu'il y avait dans le camp mais aussi dans les environs "plus ou moins 10% de mineurs étrangers isolés ou en lien avec un majeur mais pas forcément quelqu'un de confiance", explique Evangéline Masson-Diez. Elle est la co-auteure d'un rapport publié par l'UNICEF, "Ni sains, ni saufs: enquête sur les mineurs non accompagnés dans le Nord de la France". Lors de l'enquête, "la majeure partie des jeunes étaient touchés qu'on les écoute", se souvient-elle.
Parmi ces hommes et ces femmes fuyant la guerre, la misère ou l'exploitation, il y a bien des enfants, donc. La diffusion massive de la photo du petit Aylan, en septembre 2015, avait-elle suffisamment marqué les esprits? Elle avait pourtant fait le tour du monde, amplement reprise par la presse et les réseaux sociaux. En écho, à l'occasion de la Journée mondiale du Migrant et du Réfugié, la Pastorale des Migrants a voulu comme affiche une photo d'enfant sur une plage. "Pour dire qu'il y a des victimes et aussi des personnes que l'émigration a sauvées", explique son directeur le P. Carlos Caetano.
Ecouter des migrants mineurs c'est entendre des histoires terrifiantes mais aussi être édifié par la force de ces jeunes. Il faut le rappeler, pour arriver jusqu'en Europe, ils ont affronté les pires épreuves et une fois chez nous, leur calvaire n'est pas terminé. Rozenn Le Berre en témoigne, elle qui a travaillé comme éducatrice dans un service d’accueil pour les jeunes exilés arrivés en France sans leurs parents. "Ce sont des jeunes incroyables, qui ont un espoir incroyable dans leur vie en France."
Dans son livre, "De rêves et de papiers - 547 jours avec les mineurs isolés étrangers" (éd. La Découverte) - un texte bouleversant, souvent assez dur, mais très bien écrit - Rozenn Le Berre décrit ce qui a été son quotidien auprès des jeunes migrants. Elle raconte aussi le périple de Souley, 16 ans, qui a fui le Mali. La jeune femme voulait donner une image non pas "misérabiliste" des migrants, mais au contraire de montrer leur "force" et "leur beauté dans cette lutte-là".
"Derrière le phénomène de la migration il y a quelque chose de positif, non pas quelque chose que l'on doit combattre mais que l'on doit gérer." Ces mots du P. Carlos Caetano aident à changer de regard sur les jeunes migrants. "On doit souligner les belles choses qui sont en train de se construire: combien de familles, d'hommes, de femmes, d'enfants, ont été sauvés grâce à leur décision de partir?"
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