Face aux premiers passages en stade d'alerte à la sécheresse dans notre région, des gestionnaires locaux appellent à "laisser sa juste part d'eau à la nature" afin de favoriser la biodiversité.
Aix-en-Provence, Auriol ou encore Aubagne : le 24 juillet dernier, près de 50 communes des Bouches-du-Rhône passaient en stade d'alerte sécheresse, dont 19 en alerte renforcée. Conséquences : des restrictions de l'usage de l'eau pour les collectivités, les agriculteurs et les particuliers, comme par exemple le fait d'arroser sa pelouse ou de laver son véhicule à domicile.
Face à ces alertes désormais récurrentes sur notre territoire, plusieurs gestionnaires locaux ont lancé un appel à "laisser sa juste part d'eau à la nature". Le principe ? "permettre à la nature de disposer de suffisamment d'eau pour assurer les services vitaux qu'elle rend : infiltration, évaporation, ruissellement... si la nature se dégrade, le cycle de l'eau va aussi se dégrader, accentuant les phénomènes de sécheresse", pointe Gunnel Fidenti, chargée de l’animation du Réseau régional des espaces naturels protégés de Provence-Alpes-Côte d’Azur (RREN) au sein de l'Agence Régionale de la Biodiversité et de l'Environnement (ARBE).
"Ce manque d'eau impacte beaucoup la faune et la flore de notre région, en plus de la pression liée à l'artificialisation des sols et à la surexploitation des ressources", poursuit Gunnel Fidenti. Pour preuve : l'évolution de l'indice Région vivante mis en place notamment par l'Observatoire régional de la Biodiversité.
"Sur 325 espèces de vertébrés suivis en région, 41% ont diminué entre 2000 et 2021" (Gunnel Fidenti)
Devant ce constat, les gestionnaires locaux alertent : "la nature est souvent considérée comme un usager de l'eau parmi d'autres alors qu'elle en est la source", indique Gunnel Fidenti, "la part d'eau laissée à la nature est régulièrement rognée, voire sacrifiée en cas de tension entre les différents usages, ce qui peut avoir des conséquences dramatiques", notamment sur la biodiversité.
Afin de sensibiliser et d'accompagner les principaux usages, les gestionnaires ont soumis plusieurs propositions et solutions : maintien d'espaces naturels et de zones humides, développement de l'agroécologie et de la nature en ville, désimperméabilisation des sols...
Le projet "Regain" sur le plateau de Valensole s'inscrit dans cette démarche : sur ce territoire largement abreuvé de produits phytosanitaires au cours des dernières années, l'enjeu est de faire évoluer les pratiques agricoles vers des agrosystèmes plus durables. Pour l'instant, les agriculteurs - et lavandiculteurs - semblent ouverts à cette proposition, même se cela nécessite du temps pour stabiliser les rendements, et donc les revenus. L'objectif est d'inciter une démarche collective afin d'être accompagné financièrement, techniquement et de favoriser la coopération.
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