Face à la détresse physique et psychologique des patients en fin de vie, la technique permet aujourd'hui d'apaiser bien des souffrances. Mais, parfois, le médicament n’est qu’une fausse réponse à ce que traversent les patients. De plus, ces traitements viennent souvent altérer leur conscience, les empêchant ainsi de vivre pleinement ces derniers instants de vie, de « mourir comme des vivants »
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En fin de vie, la technique médicale et médicamenteuse est très présente dans les services de soins palliatifs. L'enjeu : soulager les souffrances physiques et psychiques du patient. "Mais lorsqu'elle est mal utilisée, elle peut nuire aux capacités cognitives du patient", souligne Hubert Tesson, médecin-chef à la clinique Sainte-Elisabeth à Marseille. Son rôle, qu'il définit comme "un métier de précision", consiste à trouver le juste équilibre, à redéfinir sans cesse pour chaque situation et chaque patient.
Le rôle du savoir et du pouvoir
"Le médecin est tenté d'interpréter toute plainte du patient comme un appel au soulagement et donc de fournir une sur-réponse médicamenteuse", plaide le Dr Tesson. Selon lui, cette tendance est liée à l'identité même du médecin, qui, aux yeux du malade, de ses proches, des autres soignants et même à ses propres yeux parfois, repose sur le savoir et le pouvoir.
Or, le malade peut simplement avoir besoin d'écoute et d'accompagnement, d'où un questionnement permanent que doit avoir le médecin : "l'accompagnement est plus compliqué mais rejoint la personne alors que la technique médicamenteuse risque d'étouffer ce qui se passe au plus profond d'elle-même".
Oser se confronter à la limite
"Quand quelqu'un arrive en fin de vie, il y a beaucoup de choses qui nous échappent : on ne comprend pas toujours les symptômes, les angoisses... on n'est pas tout puissant", continue le Dr Tesson. Selon lui, il est fondamental pour tout médecin de "travailler son rapport à la limite de son savoir et de son pouvoir".
L'un des garde-fous dans ce domaine est le rôle que peut jouer l'équipe soignante. "Lorsque le médecin accepte de montrer qu'il n'est pas tout puissant, qu'il n'a pas réponse à tout, et que l'équipe accepte cette part de vulnérabilité du médecin, va alors pouvoir se déployer un accompagnement global du patient", poursuit le Dr Tesson. Et, quand il partage cette posture aux familles, ces dernières confirment : "c'est rassurant, on voit que vous hésitez".
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