Le plastique est devenu omniprésent dans nos vies. Dans la technologie qui nous entoure, dans nos vêtements et dans presque tous les emballages. En bout de course, il finit dans les océans et participe au réchauffement de la planète. Pour y faire face, l’association The SeaCleaners a pour projet de mettre au point un immense « catamaran-usine » qui va nettoyer la mer. Une utopie qui pourrait devenir une réalité dans quelques années.
Chaque année, 10 millions de tonnes de déchets plastiques arrivent en mer. Il ne s’agit pas seulement de sacs ou de bouteilles mais de tous les produits dérivés du pétrole. « Les fibres textiles synthétiques, la cellulose dans les mégots [de cigarettes], les pneus. La pollution des pneus sur la route, c’est une catastrophe. Ça finit dans l’eau, les rivières puis la mer », précise Philippe Brachet, délégué régional en Auvergne-Rhône-Alpes de l’association The SeaCleaners (Les nettoyeurs de la mer). Il intervient dans les classes et dans les entreprises pour sensibiliser à la pollution plastique en mer.
« Nous sommes tous concernés » explique-t-il. À la ville comme à la campagne, près des côtes ou dans les terres, chaque déchet peut terminer son voyage en mer. Pour preuve, « j’habite un petit village dans les Monts du Lyonnais (Rhône) : à côté des bouches d’égouts, il y a un pochoir où est indiqué "ici commence la mer" », illustre Philippe Brachet qui est aujourd’hui engagé pour la défense des océans. En réalité, peu de déchets plastiques finissent recyclés ou brulés. Le plastique devient un macro-déchet, un micro-déchet puis une nanoparticule. « Plus fin qu’un cheveu, on ingère du plastique dans notre corps. On pourrait même en ingérer l’équivalent d’une carte de crédit par semaine » s’exclame-t-il. Le plastique, une question de santé publique.
Le plastique s’accumule dans les mers et les océans sans qu’il n’y ait aujourd’hui d’éboueurs pour protéger la biodiversité. « Le projet emblématique de l’association c’est la création d’un catamaran-usine, une sorte de bateau collecteur qui irait dans les océans - principalement en Asie, parce que la pollution plastique se situe en Asie - pour nettoyer les mers et aspirer les déchets et ensuite à l’intérieur même, il y aurait un centre de tri pour les déchets récoltés » développe Philippe Brachet. Si le projet se concrétise, ce serait une première mondiale.
C’est un bateau qui ferait l’équivalent d’un « demi-stade de foot », qui a nécessité plus de 50 000 heures de recherche et développement et huit ans de travail. « On attend le financement pour pouvoir lancer le chantier », sachant que le premier bateau de ce type couterait 50 millions d’euros. Une fortune. Mais « les suivants couteront moins cher à construire », assure The SeaCleaners qui recherche actuellement des mécènes pour réunir un tiers du budget.
L’association intervient déjà pour dépolluer les mers, comme à Bali où elle a déployé des bateaux-modula. Une des iles du monde les plus affectées par la pollution plastique.
Dans la région lyonnaise, comme ailleurs en France, l’association multiplie les actions curatives et de prévention. Cette semaine, ses bénévoles se rendent dans le Grand Parc Miribel-Jonage (Rhône-Ain) pour ramasser du plastique sur les îles avec l’aide du club d’aviron. Le week-end dernier (6-7 avril), une opération de ramassage de mégots a été organisé dans seize villes de France.
Retraité dans la région lyonnaise, Philippe Brachet s'est engagé pour la section rhône-alpine de The SeaCleaners par « inquiétude. L’inquiétude de ce qui attend la planète dans quelques dizaines d’année... L’inquiétude du monde que vont trouver mes filles, qui ont trente ans ». Et le déclic, lorsque, pêcheur dans le Massif central, il s’est « rendu compte que les rivières l’été étaient très souvent sinistrées. On traverse la Loire quasiment à pieds au mois d’aout… une catastrophe ».
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