Cette année, la France organise la Réunion Consultatitve du Traité sur l'Antarctique. Un sommet qui réunit chaque année les 54 pays signataires du traité de l’Antarctique. L'édition 2021 s’est ouverte avec un message du Premier ministre Jean Castex. L’occasion de revenir sur la géopolitique exceptionnelle qui régit le continent blanc et les enjeux qui l’accompagnent.
L'Antarctique bénéficie aujourd'hui d'un statut tout particulier. Il sagit d'une coopération internationale d’Etats. Le Traité de l’Antarctique qui l’a mise en place fête cette année les 60 ans de son entrée en application. Une aventure digne des grandes utopies. Un continent sanctuarisé au service de la science où la militarisation et le nucléaire sont interdits. Pour comprendre, il faut remonter en 1959, date de la signature du traité, comme l'explique Anne Choquet, professeur de droit et co-auteur du livre : Géopolitique des pôles aux éditions du Cavalier Bleu.
L’Antarctique n'appartient donc à personne, ou plutôt, à la science. En 1958 se déroulait l’année géophysique internationale qui a fait collaborer des chercheurs du monde entier, notamment sur le continent blanc. Car au-delà de l'aspect symbolique, l’Antarctique est surtout un eldorado inestimable pour les chercheurs.
On y compte plus de 80 bases scientifiques sur tout le continent. La France en possède deux, dont la fameuse base de Dumont d’Urville, tandis que la Chine est en train de développer sa cinquième station. Depuis 1961, la Réunion Consultative du Traité sur l’Antarctique a grandi pour passer de 12 à 54 membres aujourd'hui. Là encore il y a un enjeu car pour avoir un droit de vote au sein du RCTA il faut remplir des conditions. Aujourd’hui 29 États ont le droit de vote : ce sont les parties consultatives. On y retrouve les sept pays de départ, beaucoup d’Européens mais aussi d’Asiatiques comme la Corée, le Japon et bien sûr la Chine.
Ces réunions annuelles sont surtout l'occasion de dresser un état des lieux de l’activité humaine sur l’Antarctique mais également un moment où de nouvelles dispositions sont discutées ou adoptées. En 1991 par exemple, les pays ont signé le protocole de Madrid qui interdit toute exploitation des ressources minérales du continent réputé très riche en sous-sol et qui a fait de l’Antarctique une "réserve naturelle dédiée à la paix et à la science". Cette année, au menu des discussions on trouve la question du tourisme, qui est en voie de massification. Avec un débat autour de l’interdiction, qui est là aussi un enjeu géopolitique.
Autre enjeu géopolitique de l'Antarctique, la pêche et la création d’aires marines protégées. L’écosystème autour du continent est protégé depuis 1980 par la Convention sur la Conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique. Il s’agit en fait de créer de nouveaux espaces sanctuarisés, notamment contre la pêche. Une priorité selon la présidente du WWF, Isabelle Autissier. A ce sujet, comme en 1959, c’est la science qui vient à la rescousse des négociations. En France, la Fondation Tara va mener une nouvelle opération scientifique avec sa goélette. Et pour la cinquième fois, elle se rend dans les eaux de l’Antarctique, dans l’une des aires maritimes qui aspirent à être protégées.
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