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Un chirurgien ardéchois au chevet des habitants de Guinée privés d'eau potable

RCF Ardèche, le 16 mai 2022 - Modifié le 16 mai 2022
PeregrinusEn Guinée Conakry, rencontre d'un juste, chirurgien Ardéchois

En Guinée, il est difficile de trouver de l'eau potable, alors même que les sous-sols en regorgent. Conséquence notamment de la corruption qui touche le pays. De nombreux habitants sont touchés par des cancers. Un chirurgien ardéchois, franco-guinéen, brahim Bah-Clozel vient en aide à ces habitants. 

Ibrahim Bah-Clozel dans l'hôpital Ignace Deen à Conakry ©Jean-Marie HosatteIbrahim Bah-Clozel dans l'hôpital Ignace Deen à Conakry ©Jean-Marie Hosatte

Des champs d'ordures à perte de vue, des enfants obligés de boire de l'eau dans du plastique infectés de substances cancérigènes ... c'est la dure réalité qui secoue aujourd'hui encore la Guinée et notamment sa capitale Conakry. La faute à une corruption effroyable et des décennies d'incurie qui ont mis le réseau d'eau dans le même état de délabrement que le reste des infrastructures du pays. Les rivières et nappes phréatiques sont contaminées par le débordement des égouts à ciel ouvert. L'eau y est pourtant puisée et vendue comme potable : en réalité, elle est bourrée de germes et de matières fécales. Combinés aux perturbateurs endocriniens contenus dans le plastique qui transporte l'eau, les risques de développer un cancer sont élevés. 

Des services médicaux dépassés

Malheureusement, les services hospitaliers ne sont pas adaptés pour faire face à ces difficultés. Les médecins de l’hôpital Ignace Deen, le meilleur établissement public du pays, ne disposent que d’un vieux microscope pour identifier les germes pathogènes. Tous les autres appareils d’analyse sont hors d’usage.  
Le pays ne pourra pas non plus faire face à la vague de cancers. Le prix des médicaments nécessaires à un traitement représente des siècles de salaire d’un Guinéen. Et quand une intervention chirurgicale s’avère indispensable, il n’y a presque pas de blocs disposant d’un équipement même sommaire. Il n’y a ni bistouris ni sondes, pas de produits désinfectants ou de compresses, pas même de fil à sutures.

Décharge de plastique à Conakry ©Jean-Marie Hosatte
Enfant buvant dans un sac plastique en Guinée ©Jean-Marie Hosatte
Vente de sac d'eau dans la rue à Conakry ©Jean-Marie Hosatte
Ibrahim Bah-Clozel opérant dans l'hôpital Ignace Deen à Conakry ©Jean-Marie Hosatte
Les infirmiers et médecins de Guinée observent Ibrahim Bah-Clozel opérer ©Jean-Marie Hosatte
Pollution à Fouta-Djalon au cœur de la Guinée

La formation de chirurgiens pour prévenir et opérer les cancers

C'est pour faire face à ces difficultés qu'intervient le docteur ardéchois Ibrahim Bah-Clozel. Franco-guinéen, il est chirurgien-urologue à la clinique Pasteur à Guilherand-Granges. Depuis plusieurs années, il se rend régulièrement en Guinée pour former des chirurgiens guinéens à prévenir ou à opérer des cancers provoqués par les perturbateurs endocriniens. Il se dévoue à cette tâche avec une énergie qui lui permet de surmonter les difficultés nées de la corruption, de l’extrême pauvreté des patients et du découragement des médecins guinéens qui ne disposent d’aucun moyen. Souvent très bien formés à l’étranger, ils se retrouvent dans l’impossibilité de soigner leurs concitoyens quand ils reviennent chez eux. Ibrahim Bah-Clozel veut rendre à une génération entière de jeunes médecins et d’infirmières l’espoir de pouvoir travailler chez eux, pour leur peuple, sans avoir à s’expatrier vers le Sénégal ou la France. 

La construction d'un réseau d'eau potable

Le docteur Ibrahim Bah-Clozel veut aussi s'attaquer au problème à la racine : en augmentant les capacités d'approvisionnement d'eau potable en créant un réseau de distribution. C'est le projet Eau de Mawa. Il a acheté un terrain dans le Fouta-Djalon où il a fait forer un puits profond d’où jaillit une eau d’une parfaite qualité. Cette eau sera distribuée partout dans Conakry en bonbonnes recyclables consignées de 20 litres par une armée de livreurs à motos. Les paiements se feront par téléphone portable. « L’eau de Mawa » ne coûtera pas plus cher aux consommateurs que le bouillon de culture qu’on leur vend en sachets au coin des rues.

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