Réalisateur d’émissions sur l’agriculture et/ou l’écologie pour RCF St-Etienne, Vincent Berthet (1) nous témoigne de son expérience au sein de la dynamique équipe de Terres d'espérance qu'il a rejoint depuis 2021 dans le diocèse de St-Etienne.
• Octobre 2021 : réalisateur d’émissions sur l’agriculture et(ou) l’écologie pour RCF-St-Etienne - et donc davantage « branché rural » que le reste de l’équipe de cette radio, je découvre la dynamique Terres d’espérance. J’assiste à la rencontre de mobilisation proposée par la Délégation du diocèse de St-Etienne pour le rural sur l’« écologie intégrale », puis je convainc sans peine à RCF St-Etienne de se rendre activement partenaire de cette dynamique, à travers mon engagement en son sein et la réalisation d’émissions. Dans la foulée, je suis (très bien !) accueilli, par la petite équipe qui est la porteuse de Terres d’Espérance dans le diocèse de St-Etienne (soit le département de la Loire hormis le Roannais).
• Avril 2022 : après quelques réunions d’organisation puis ma participation comme animateur aux évènements préparatoires du Rassemblement national (entre fin février et début avril, en quatre lieux différents du milieu rural de Loire-sud), et aussi la production de plusieurs émissions radio en rapport, je prends part au Rassemblement national Terres d’Espérance, moment de rencontre chaleureux et profond, à Chateauneuf-de-Galaure (26).
• Eté 2023 : autour d’Alain Arnaud, responsable de la délégation au rural du diocèse de St-Etienne, et d’un noyau de personnes devenus actives pour Terres d’Espérance, des prolongements se mettent en route. En accord avec RCF, je poursuis mon engagement. Le thème « Le rural change... Le défi de vivre ensemble » est choisi pour la réalisation de six rencontres (mai à octobre 2023, + une rencontre au printemps 2024) dont je suis l’animateur, dans six nouveaux lieux couvrant les espaces ruraux de Loire Sud (Boën, Chambles, Chazelles-sur-Lyon, Bourg-Argental, Grand-Croix, Feurs).
• Sur le plan de la présence de cette démarche Terres d’Espérance dans les programmes de RCF St-Etienne en 2022, 2023 et jusqu’en juin 2024 on peut repérer une bonne douzaine d’émissions de 20 minutes et deux émissions de 40 minutes en juin 2022 et juin 2024, sans compter de courtes interviews au fil des évènements successifs. Ces émissions ont donné la parole aux porteurs de la démarche, bien sûr, mais aussi à celles et ceux qui ont été « embauchés » pour y contribuer, soit comme « témoins de vie sociale» en rapport avec les thèmes des soirées, soit comme « intervenants » sur ce que peut être l’engagement des chrétiens pour le vivre ensemble (2). Avec ces émissions, nous avons donné à entendre aux auditeurs de RCF St-Etienne la parole de ruraux (chrétiens en majorité) conscients, constructifs, actifs dans leur milieu de vie et de travail. C’est une contribution à la perception valorisante des auditeurs citadins sur les ruraux, et aussi à la perception plus positive des ruraux sur eux-mêmes, ce qui rejoint l’un des objectifs de Terres d’Espérance. L’ensemble de ces émissions a eu aussi, même si ce n’est pas vraiment mesurable, un impact constructif sur l’équipe de RCF St-Etienne (50 personnes environ) quant à la perception qu’elle a des ruraux et du monde rural (3).
• Second semestre 2024 : d’autres actions communes se profilent... Je me vois proposée la participation à la session des acteurs de l’Eglise en rural de fin novembre à Paris sur le thème « Présence et proximité ». J’y assure quelques tâches, mais surtout je reçois beaucoup ; d’un programme assez bien équilibré (prière, théologie, sociologie…) et de la parole fort diversifiée des cent participants. Les préoccupations des uns et des autres sont nombreuses autour de la difficulté de garder l’évangile et le contact avec l’Eglise accessibles à tous les ruraux, avec des chrétiens se rendant solidaires et proches d’eux. Mais une volonté de tenir ce cap d’une fraternité vécue et même une confiance partagée se manifestent aussi.
• Début 2025 : je continue à faire partie, au titre de RCF, du noyau diocésain porteur de cette dynamique. En Loire-sud, un nouvel ensemble de rencontres locales se profile pour les mois à venir. Leur thème renouera avec cette idée d’une présence de qualité au service de tous les ruraux. Aussi bien sur le plan des services publics, des collectivités locales, des associations, des paroisses et groupements chrétiens, comment contribuer à une proximité réelle entre ruraux ? Un bon petit nombre (six au moins) de rencontres se déroulera, autour d’enjeux choisis par des petits groupes de préparation dans chaque territoire concerné. Programmes précis et émissions en rapport à écouter sur RCF-St-Etienne, bien entendu !
Je vous l’assure, il n’a pas été, pour moi, anodin.
• J’ai appris et même admiré l’existence d’actions construites en rural -par des chrétiens agissant à ce titre ou non, ainsi que par des personnes plus ou moins éloignées de l’Église, pour une fraternité effective (par exemple : accueil et accompagnement au long cours de demandeurs d’asile, repas mensuels entre agriculteurs pour rompre l’isolement qu’ils vivent, organisation de transports à la demande pour des personnes « coincées » chez elles, clubs de citoyens investisseurs au service des besoins des habitants... ou encore actions au sein- même des paroisses pour éviter les exclusions) ou également pour une agriculture qui essaie d’être à la hauteur des défis de notre avenir sur terre. Ces réalisations, comme d’autres que je connaissais déjà, ont du poids sur les territoires ruraux et leurs habitants, mais aussi des impacts sur celles et ceux qui les font exister : ouverture d’esprit, élargissement de leur fraternité, enrichissement du sens donné à leur travail, diminution du sentiment de vivre en contradiction avec leurs convictions...
• Comme observateur empathique du rural dans la Loire et des chrétiens vivant dans ce milieu, j’ai constaté le potentiel assez grand de mobilisation existant dans les cercles concernés (au minimum 80 personnes différentes se sont impliquées dans la préparation et la réalisation des dix rencontres locales). J’ai repéré aussi la force de convocation des ruraux catholiques actifs (majoritairement des membres du CMR et des prêtres en service en monde
rural) qui se sont investis dans la préparation et l’information concernant ces rencontres, qui ont réuni au total près de 600 personnes. Une nuance à ces remarques positives : les moins de 50 ans sont fort rares dans ces cercles de ruraux chrétiens actifs.
• J’ai bénéficié de stimulations dans ma réflexion sur ce que peut être la présence des chrétiens, repérée comme telle, en espace rural (et peut-être dans l’ensemble de la société, d’ailleurs) : cette présence, avant tout, peut et doit consister en une fraternité vécue, entre chrétiens - y compris, donc, avec une dimension de réflexion chrétienne et de prière commune- et vis-à-vis de tous, notamment les pauvres. Cette fraternité pouvant se traduire aussi bien par des initiatives de proximité et des attitudes toutes simples (pour un accueil réussi des « nouveaux » ruraux, par exemple, ce que certains témoins des rencontres ont mis en relief) que par la réflexion et l’action sur ce qui porte le développement d’un territoire rural et de ses habitants, ainsi que le fait le MRJC dans de plusieurs régions de France.
• Ces témoignages et rencontres me confirment que la démarche qui est celle des mouvements d’Action catholique ruraux est un pilier essentiel de la présence chrétienne durable en rural ; en témoigne l’investissement de leurs membres dans un bon nombre d’initiatives porteuses de fraternité et (ou) de développement des humains et des territoires, dont il a été question au cours des rencontres. Je retiens aussi comme vraiment pertinente la dynamique à la fois endurante, modeste, féconde des membres du « Prado rural », que ces rencontres m’ont permis de connaître un peu. Au niveau des « groupes- ressources » ou « personnalités-ressources » que j’ai découvert ou redécouvert au fil de ce parcours, je citerais également l’équipe du CERAS (Marcel Rémon en particulier) et Bruno-Marie Duffé pour son intervention extrêmement stimulante (dérangeante, même, sur certains points) vers la fin du Rassemblement national Terres d’Espérance.
• Il me reste de ce « parcours », en bref, une sorte d’animation intérieure, un appétit d’aller toujours plus loin dans la connaissance des chrétiens, et des autres citoyens, qui sont actifs pour des espaces ruraux vivants, et le désir de m’imprégner davantage de certaines « sources », en particulier les deux encycliques sur l’écologie et la fraternité (elles ont été très souvent des références au cours de tout ce processus, en Loire-sud et au niveau national), ou l’œuvre de Jacques Ellul...
Plusieurs sont présentes à mon esprit :
• Lorsque l’on parle d'évangélisation ou d’« annonce de l'évangile » en rural, comme cela a été le cas notamment, à de multiples reprises, au cours du Rassemblement national, a-t-on bien à l'esprit l'ensemble des dimensions de ce défi ? C’est-à-dire évangéliser nos attitudes, nos pratiques, nos engagements, la vie collective de notre milieu, et pas uniquement témoigner explicitement, selon les tenues fréquemment utilisées, de l’« espérance qui est en nous ». J’apprécie, sur ce point, cette phrase du Conseil Œcuménique des Eglises, tirée du texte d’invitation à la Conférence d’Arusha sur la mission et l’évangélisation (2018) : « La mission doit être vue comme une activité polyvalente. Cela comprend le témoignage dans la joie, par la parole et les actes, quant à la personne de Jésus Christ et à son Évangile ; l ’engagement à œuvrer pour la justice et la réconciliation entre les peuples et dans toute la création ; et la participation à un dialogue interreligieux et œcuménique recherchant la compréhension mutuelle et le témoignage commun : »(4) Le travail, donc, ne manque pas !
• L’Eglise dans son ensemble a-t-elle vraiment la volonté (et se donne-t-elle les moyens ?) de préserver, encourager, redévelopper là où elles ont absentes... des équipes qui durent, qu’on les appelle « fraternités locales » ou autrement, et en particulier des équipes des mouvements d’« Action catholique » ? Des équipes qui, comme celles du CMR, assument dans le temps long à la fois une évangélisation progressive de leurs membres et une présence chrétienne dans leurs territoires. L’ensemble des prêtres missionnés en espace rural, notamment, est-il sensibilisé et formé à accompagner l’émergence et la consolidation de ces équipes inscrites dans la durée ? La question se pose en particulier à propos des prêtres en exercice qui n’ont pas eu la chance de connaître les mouvements de type CMR avant leur nominations...
• En corrélation avec l’identité et la pratique inter-Églises de RCF, je me demande si l’œcuménisme est assez devenu une composante « ordinaire » de la présence des chrétiens en rural. A plus forte raison lorsque l’on est peu nombreux, il y a lieu de ne « brouiller notre message » en étant divisés entre « chapelles confessionnelles » différentes, de ne pas faire séparément tout ce que l’on peut faire ensemble. Cette question concerne en particulier les territoires, par exemple dans la Loire, au sein desquels les protestants sont présents.
Merci, très sincèrement, à toutes celles et ceux qui ont été pour moi des éclaireurs et entraineurs au cours de cette démarche « Terres d’Espérance », dont je veux bien, à nouveau, être l’un des coopérateurs en 2024-25.
Janvier 2025
[2] L’ensemble des ces onze rencontres a bénéficié de plus de la présence extrêmement féconde d’intervenants extérieurs : Marcel Rémon, directeur du Centre de Recherches et d’action Sociale (CERAS), statisticien et théologien, pour huit rencontres (+ Hélène Noisette, également du CERAS, pour la soirée sur l’écologie intégrale), Philippe Brunel, du Prado, pour deux des rencontres de 2022, directement axées sur le thème de la brochure du Prado rural « Le rural intéresse-t-il encore le Dieu des vivants ? » Les documents reprenant l’essentiel de ces rencontres d’échange et de propositions sont accessibles sur le site internet du diocèse de St-Etienne, www.diocese-saintetienne.fr.
[3] Toutes ces émissions de 2022 à 2024 sont disponibles en réécoute gratuite sur le site internet www.rcf.fr, en ciblant les programmes de « RCF St-Etienne » puis, selon les sujets, les rubriques suivantes : Chrétiens en marche, Sur paroles, Entreprendre, La Loire aujourd’hui. Dernière en date, une émission Chrétiens en marche réalisée mi-décembre avec l’équipe Terres d’espérance du diocèse suite à la Rencontre de Paris de fin novembre…
[4] Vincent aime aussi cette phrase de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (2007) « Evangéliser ne signifie pas seulement enseigner mais plutôt annoncer Jésus Christ par la parole et par les actes, c’est-à-dire se faire instrument de sa présence et de son action dans le monde ».
1 - L'invité du mois : Un invité ligérien en lien avec l'actualité
2 - Émission en partenariat avec l'UDAF, Union Départementale des Associations Familiales
3 - La Question du mois
4 - Dialogue avec des personnalités ligériennes
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