Valoriser le réemploi dans le domaine culturel grâce à la Réserve des Arts

Bois, plastique, métal, cuir, textile, minéraux.. au total 150 tonnes de matériaux sont récupérés chaque année à la Réserve des Arts de Marseille. Le principe de cette ressourcerie : "récupérer des matériaux bruts mais aussi des éléments de décor de théâtre ou de cinéma", et ce afin d'avoir une deuxième vie, explique Jeanne Ré, coordinatrice communauté et évènements à la Réserve des Arts Méditerranée à Marseille. 

Caverne d'Ali Baba

Installée depuis 2020 dans les quartiers Nord de Marseille, la Réserve des Arts vise à développer une économie circulaire au sein du domaine culturel local. Pour aller chiner dans cette véritable caverne d'Ali Baba où l'on passe "en moyenne entre une à deux heures", estime Jeanne, il faut souscrire à une adhésion annuelle (entre 8 et 13€), permettant ainsi d'avoir accès aux matériaux vendus à des tarifs solidaires (entre 1/10 et 1/3 du prix du neuf) . Ces adhérents sont "des étudiants des écoles d'art, d'architecture, de design ou encore de couture, des artistes, des techniciens du spectacle, des associations ou encore des entreprises...", précise Jeanne. 

Ces matériaux, la Réserve des Arts vient les collecter auprès de structures culturelles (festivals, défilés de mode, musées, théâtres, studios de tournage, ateliers de couture...)."Ils nous rémunèrent pour cette collecte afin de faire baisser leur empreinte carbone mais aussi participer au soutien des petits créateurs", souligne la coordinatrice. 
 

Le réemploi dans l'art : un concept ancien

"Les artistes ont toujours eu cette faculté de débrouille : réussir à trouver de la créativité là où la contrainte était présente", expose Jeanne, "le réemploi dans l'art est très ancien". Ce concept de ressourcerie ne date d'ailleurs pas d'hier : l'association nationale a été créée il y a 16 ans sur la base d'un concept new-yorkais né dans les années 1970, et qui existe toujours. "Cela s'ajoute à une tendance à retourner vers le local plus globalement : des ressourceries comme les nôtres se montent tous les mois en France", affirme Jeanne. 

L'objectif final : "initier une démarche d'éco-conception et d'éco-création : au moment même où on imagine son projet, on anticipe son démontage et sa fin de vie", poursuit la coordinatrice, "ce qui implique de travailler davantage avec des matériaux standardisés qu'on peut moduler et in fine récupérer de manière simple". L'association mène régulièrement des actions de sensibilisation auprès des étudiants, qui représentent la moitié des adhérents de l'association au niveau national. "Ce sont les artistes de demain qui pourront faire des choix créatifs responsables", conclut Jeanne, "il s'agit de créer une nouvelle génération d'artistes conscients".

Pour plus d'informations : www.lareservedesarts.org/mediterranee