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Vers une approche écosystémique de la politique commune des pêches?

Un article rédigé par Ronan Le Coz - RCF Côtes d'Armor, le 24 février 2022 - Modifié le 24 février 2022

Les stocks de poissons dans les eaux françaises sont en bien meilleur état qu'il y a vingt ans. Mais certaines voix poussent pour adopter une approche écosystémique de la Politique commune des pêches.

Des bateaux à quai dans le port de pêche de Concarneau (Finistère) - ©Ronan Le Coz (archives)Des bateaux à quai dans le port de pêche de Concarneau (Finistère) - ©Ronan Le Coz (archives)

L’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) a présenté mardi 22 février son rapport annuel sur les stocks de poisson dans les eaux françaises. 56 % des volumes de poissons pêchés en France sont aujourd’hui issus de populations exploitées durablement, contre seulement 15 % il y a 20 ans ! Mais la surpêche touche encore 11 % des stocks et 10 % sont considérées comme « effondrés ». C’est la cas par exemple du cabillaud en mer du Nord et en mer Celtique. Parmi les stocks en bon état en 2021, citons la coquille Saint-Jacques en manche, la baudroie en Atlantique, l’églefin en mer celtique ou encore le merlu dans le golfe de Gascogne.

Une approche écosystémique?

Alain Biseau, biologiste à l’Ifremer est notamment revenu sur la question de l’approche écosystémique de l’évaluation des stocks de poissons. Une question soulevée récemment lors d’un atelier du One Ocean Summit de Brest par l’ONG Sea Shepherd. Sa présidente pour la France, Lamya Essemlali, avait rappelé que les quotas de pêche sont fixés en pensant aux pêcheurs mais en oubliant les prédateurs marins… « Effectivement la politique commune des pêches, et globalement les recommandations internationales, vise à ce que l’activité de pêche permette de maximiser les captures durablement. Et lorsque nous, scientifiques, estimons ce que pourrait être ce maximum, nous essayons de prendre en compte la part qui est nécessaire à la nourriture de certaines autres espèces. C’est ce que l’on appelle la mortalité naturelle », a expliqué Alain Biseau.

La capture maximale que l’Ifremer recommande tient donc en compte cette part de la ressource halieutique qui sert de proie aux autres espèces. Ils utilisent des techniques comme des études de contenus d’estomacs pour essayer de déterminer quelles espèces sont consommées et à quelle quantité… C’est le cas par exemple pour les petits pélagiques, comme la sardine ou l’anchois, qui constitue le garde-manger des cétacés. « C’est un sujet sur lequel nous pouvons nous améliorer », a toutefois reconnu Alain Biseau.

Impact environnemental

Ce n’est pas tout : les scientifiques intègrent aussi l'impact de l'environnement dans les études halieutiques. Tous les ans, ils font  des correspondances entre les tailles et les âges ou entre les tailles et les poids de chaque individu... Et les résultats sont très dépendants de l’environnement, comme la qualité de l’eau. Par exemple, les sardines en Méditerranée étaient très petites l’année dernière. Même constat préoccupant cette année pour les sardines dans le golfe de Gascogne.

Lors du One Ocean Summit, Pierre Karleskind, le président de la Commission pêche au Parlement européen, a rappelé que 2022 est une année d’évaluation de la politique commune des pêches, adoptée en 2012. L’idée de la Commission européenne n’est pas de la réviser de fond en comble mais Pierre Karleskind a précisé qu’il était assez favorable à ce qu’on change ce qu’il appelle « le logiciel de mise en œuvre de la PCP, pour mieux prendre en compte une approche écosystémique. » Il a convenu que le rendement maximum durable (RMD), utilisé pour l’instant, « n’est pas rigoureusement une approche écosystémique ! »

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