Les étudiants ont voté mardi le blocage de l’École nationale supérieure d’architecture, située à Darnétal, près de Rouen. Ils dénoncent des moyens insuffisants, et des conditions de travail et d’études qui se détériorent.
Un blocage pour se faire entendre jusqu’aux ministères. Mardi 14 mars, regroupés en assemblée générale, les étudiants de l’ENSA (École nationale supérieure d’architecture) de Normandie ont voté le blocage actif de leur établissement. Ils comptent empêcher les cours de se dérouler jusqu’au 24 mars, jour de leur rencontre avec le ministère de la Culture. Depuis plusieurs semaines déjà, plusieurs actions sont menées pour retenir l’attention de ce ministère, dont l’école reçoit ses financements, et du ministère de l’Enseignement supérieur de la Recherche et de l’Innovation.
Ce qui préoccupe à l'ENSA, c’est avant tout le manque de personnel administratif. Des salariés en arrêt-maladie ou en congé maternité ne sont pas remplacés. Conséquence : “une surcharge de travail qui a abouti à des burn-outs”, d’après l’enseignant-chercheur Guillaume Nicolas, membre du collectif “ENSA en lutte”.
“Ce sont des problèmes qui sont chroniques depuis plusieurs années” reconnaît Maryse Delaunay, l’une des représentantes étudiantes au sein du collectif. Mais 2023 marque une rupture, car au début du semestre, la rentrée a dû être reportée d’une semaine faute de personnel au service scolarité. “Un établissement public où on ne peut pas faire une rentrée, c’est quand même grave, ça nous a alertés”, se souvient Maryse Delaunay.
“Il n’y aura plus d’école”
Pour prouver la sous-dotation de l’ENSA, l’étudiante n’hésite pas à donner des chiffres. “L’école est actuellement en déficit de 680 000 euros. On va devoir utiliser le fonds de roulement de l’école, ses économies. Ce qui veut dire que dans deux ou trois ans, il n’y aura plus de fonds de roulement et on ne pourra plus faire fonctionner d’école, il n’y aura plus d’école”, s’inquiète l’étudiante.
Les conditions d’étude dans cet établissement qui accueille 700 étudiants se dégradent. “On ne sait plus comment entretenir les locaux, on manque de matériel et on a des enseignants qui commencent à perdre espoir car ils ont des emplois précaires”, déplore Maryse Delaunay.
L’une des solutions avancées par les membres du collectif “ENSA en lutte” : demander un rattachement et des financements au ministère de la Transition écologique. Car ils estiment que leur formation est liée aux enjeux environnementaux.
L’ENSA de Normandie n’est pas la seule dans ce combat, l’ensemble des vingt écoles nationales d’architecture ont rejoint le collectif “ENSA en lutte”.
Contactée, la direction de l’école n’a pas souhaité répondre à nos questions.
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